L’image du mois #23 | Janvier 2020

L’année 2019 a été riche de projets pour le CLEM, avec de nouveaux partenariats autour de la stéréoscopie !

Nous vous avions promis d’en parler bientôt : des institutions, et non des moindres, nous ont rejoint, à l’image des Archives nationales qui nous ont confié leur collection de vues concernant l’Exposition universelle de 1867 :

 

 

Cette collection est ouverte à l’indexation collaborative, par ici ! Le présent article est notamment rédigé par l’un de nos principaux contributeurs, Christian Bernadat.

Pavillon d’exposition de l’Exposition universelle, 1867, fonds Archives nationales, AN092

Le « concept » d’Exposition Internationale Universelle voit le jour au milieu du XIXe siècle, comme une célébration de la foi dans le progrès, en rassemblant tout ce que la science et l’industrie savaient produire ou inventer de neuf.
La première Exposition Internationale Universelle a lieu sous le Second Empire à Paris en 1849, vite suivie par celle de Londres en 1851. Les grandes nations y expriment leur compétition dans une succession effrénée de manifestations : 1855, puis 1867 où, pour la première fois, l’évènement a lieu sur le Champ-de-Mars.

Elle y est intitulée « Exposition Universelle d’Art et d’Industrie ». 41 pays y sont représentés. Gustave Eiffel s’y voit confier la construction de la Galerie des Machines. Nous sommes à l’apogée du Second Empire ; on y célèbre le libéralisme triomphant dans la lignée des thèses de Saint-Simon.

Cette vue nous présente la « Section autrichienne » de la « Galerie du Travail » selon la légende de la photo. Nous dirions aujourd’hui plutôt « Pavillon de l’Industrie ». Compte tenu de la structure métallique qui supporte la coupole, il pourrait bien s’agir ici du pavillon construit par Gustave Eiffel. Contrairement aux pavillons par pays bâtis sur le reste de l’Exposition, la « Galerie du Travail » rassemblait tous les pays présents sur l’Exposition, chacun présentant les productions industrielles qu’il souhaitait mettre en avant.

Au premier plan, nous avons une machine bien identifiable, avec sa cheminée « en cornet ». Ces locomotives, dont la série est désignée SB 23, étaient affectées à la traction des trains de marchandises de l’Österreichische Südbahn (Chemins de fer Autrichiens du Sud) qui desservaient la ligne Vienne-Trieste (alors partie intégrante de l’Empire autrichien).
Elles étaient construites dans une usine des environs de Vienne (la Wiener Neustädter Lokomotivfabrik). Celle présentée porte le numéro 68.

Christian Bernadat

L’image du mois #2 | Mars

Ce mois-ci, nous nous trouvons aux premières loges pour admirer le saut de Maggie Ward, plongeuse émérite en 1889 !

Comme d’autres Lady Divers, elle s’est illustrée dans la discipline à Coney Island (New York), devenue une station balnéaire dès la seconde moitié du XIXe siècle.

C’est à cette époque que se développe l’idée de nager en tant que loisir et pratique de santé, simultanément à l’évolution du vêtement de bain.

 

http://www.boweryboyshistory.com/2012/06/bowery-boys-new-york-city-swimsuit.html

 

On se retrouve dans deux semaines pour l’énigme du mois de mars !

L’image du mois de février

Ce mois-ci, nous vous présentons une vue de Bordeaux assez exceptionnelle !

271 – Les Quais, la Douane et la Bourse (Bordeaux). Crédit CLEM, collection Duclot.

Nous sommes en 1862. La photographie réalisée par Jean Andrieu a peut-être été prise du parapet qui descend du pont de pierre, sans doute du quai Richelieu (aussi appelé quai de Bourgogne).

Qu’est-ce que ces barques ont de particulier ?

Il s’agit en fait d’allèges et de sapines, des bateaux utilisés pour le transport des marchandises.

Au premier plan, de gauche à droite sur la photographie de droite, nous avons :

– en 1er, une petite allège chargée de sacs ou de pierres ;
– en 3e, 4e et 6e position, des allèges de différentes tailles ;
– en 2e et 5e position, des grandes sapines (2 m environ) dites  « de type tarnais » : leur proue est fortement relevée ; elles sont couvertes d’un « pontil » qui porte une grue en bois à double volée ; en arrière une cabine construite comme cabane sert d’habitation pour le marin ainsi que de bureau pour enregistrer les marchandises chargées ou déchargées. Ces embarcations ne comportent pas de mât : il s’agit de bateaux hâlés (à l’époque par des chevaux), parfois pris en remorque par des navires de charge à voile et manœuvrés dans les ports par des grandes perches. Leurs dimensions étaient dictées par la taille des écluses du canal latéral à la Garonne.

Selon François Beaudouin, cette photo est tout-à-fait remarquable pour l’histoire de la marine fluviale : elle serait l’unique représentation connue de ces grosses sapines tarnaises. Elles assuraient le transport des marchandises le long de la Garonne et de ses affluents. Elles ont été condamnées par le développement des chemins de fer qui, très rapidement, accaparèrent tout le transport des marchandises.

Au second plan, un grand nombre de gabarres est amarré de manière assez désordonnée le long du quai de la Douane.
Plus en arrière, à quai et dans la rade, mouille un grand nombre de goélettes à voile de commerce ou de pêche à la morue, à deux ou trois mâts.

Christian Bernadat

Bibliographie :

François Beaudouin, « Les bateaux garonnais (II) », Les Cahiers du Musée de la Batellerie, n°45, décembre 2001.

Christian Bernadat, co-auteur de Quand Bordeaux construisait des navires, Ed. de l’Entre-deux-Mers, 2006.

Denis Pellerin, La photographie stéréoscopique sous le Second Empire, Paris, Bibliothèque nationale de France, 1995, 103.

Si vous souhaitez voir cette vue en relief, chaussez vos lunettes bicolores !