Bref historique > Les débuts de la Stéréoscopie > Les avancées de David Brewster > Des rencontres décisives > Des progrès photographiques > La question des prises de vues > Des vues stéréoscopiques par millions
L’observateur d’une image stéréoscopique ressent une irrésistible fascination provoquée par l’effet saisissant du relief stéréoscopique mais également par l’immersion dans l’image qu’il procure. Ces caractéristiques ainsi que les progrès autour de la photographie ont concouru à sa propagation à travers toute l’Europe puis plus largement vers le monde entier. Selon l’abbé Moigno, les commandes sont telles qu’entre 1851 et 1857, « on a vendu plus d’un demi-million de ce stéréoscope »
Grâce à la technique du collodion humide
La production des vues stéréoscopiques profite alors des nombreux progrès réalisés dans le domaine des procédés photographiques. L’avancée décisive provient de la mise au point de la technique du collodion humide par Frédérick Scott Archer entre 1850 et 1851, faisant ainsi la synthèse des qualités des daguerréotypes et des calotypes : reproductibilité des images grâce à l’usage du négatif-positif, rapidité de la prise de vue et grande précision des épreuves réalisées sur plaque de verre.
Une véritable industrie se met alors en place. Des millions d’images en relief réalisées par des photographes qui se professionnalisent rapidement sont publiées par des maisons d’édition puis diffusées commercialement dans le monde entier. Londres puis Paris deviennent les plus importants centres de production d’images stéréoscopiques. Fondée en 1854, la London Stereocopic Company est capable dès 1856 de proposer via son catalogue près de 10 000 vues stéréoscopiques différentes et en 1858 plus de 100 000 ! Les images produites par cette firme et son photographe emblématique William England se répandent partout en Europe, aux États-Unis puis dans le monde entier.
- Paris, vue panoramique en direction de la tour Saint-Jacques, Clouzard et Soulier 1852, fonds Magendie ©CLEM Patrimoine / Stéréopôle
- Séville, jardin de l'Alcazar vue sur le pavillon du Patio, Clouzard et Soulier 1854-1859, fonds Magendie ©CLEM Patrimoine / Stéréopôle
- Istanbul, vue sur la mosquée de Soliman, Ferrier & Soulier, 1857, fonds Magendie ©CLEM Patrimoine / Stéréopôle
- Nuremberg, vue sur l'église Saint-Laurent, Clouzard & Soulier 1859, fonds Wiedemann, © CLEM Patrimoine / Stéréopôle
- Paris, Exposition Universelle de 1855, tirage Lefort, fonds Wiedemann, © CLEM Patrimoine / Stéréopôle
- Niagara suspension bridge U.S, William England, 1859, fonds Société Archéologique de Bordeaux, © CLEM Patrimoine / Stéréopôle
- The Orphan's Dream, James Elliott 1858, fonds M. Wiedemann, © CLEM Patrimoine / Stéréopôle
L'âge d'or du papier albuminé
Les techniques de production d’images stéréoscopiques s’améliorent rapidement et les coûts de fabrication baissent considérablement grâce aux progrès réalisés autour des supports et notamment celui du papier albuminé. Entre 1855 et 1860, les vues stéréoscopiques sur carton remplacent peu à peu celles en verre.
Plus rapides à fabriquer, ces vues produites en masse envahissent en quelques années le marché. Parallèlement, les fabricants de stéréoscopes, opticiens pour la plupart, font en sorte d’améliorer peu à peu les qualités techniques de l’appareil de visualisation des images. Différents modèles sont proposés à la vente : certains sont simples et peu onéreux tandis que d’autres plus luxueux et élaborés à partir de matières plus précieuses (acajou, bois précieux avec incrustations d’ivoire, systèmes optiques entourés de cuivre verni…) correspondent à de véritables objets de salon réservés à une clientèle plus aisée.
De très nombreux éditeurs se lancent alors dans l’aventure de la stéréoscopie. Ces marchands peuvent vendre directement les images dans leurs magasins, les distribuer à travers un réseau de revendeurs provinciaux ou encore les expédier directement chez le client qui les a commandées sur catalogue.