Sur la plage abandonnée… coquillages et crustacés… en juillet, nous partons voir la recherche chromatique très particulière de Richard Harmer, stéréophotographe du 19e siècle :
En novembre 1856, un certain Richard Harmer dépose une demande de patente relative à la coloration des épreuves pour le stéréoscope. Cet employé londonien, qui est sans doute photographe à ses heures, propose de colorer chacune des deux épreuves qui composent l’image en relief d’une teinte différente, afin d’obtenir des effets chromatiques très particuliers. La méthode est contraire aux usages. Les photographes (ou leurs enlumineurs) ont l’habitude, qui semble logique, de colorier de la même manière les objets de l’image de gauche et leurs doubles dans l’image de droite.
Or en opposant une couleur non pas à sa complémentaire mécanique (ce serait trop simple), mais à une nuance opposée dans le cercle chromatique, on peut obtenir, à travers l’instabilité chromatique provoquée par la concurrence que se livrent nos deux yeux (la fameuse « rivalité binoculaire ») des effets moirés (pour les tissus) ou nacrés (pour les coquillages) qui sont idéaux pour figurer des matières dont la couleur est éminemment inconstante.
Noter dans cet exemple la permutation des couleurs entre l’image de gauche et celle de droite qui permet de simuler, même imparfaitement, les irisations typiques d’un certain nombre de mollusques.
Bien qu’il ait été le premier à déposer un brevet pour protéger cette méthode particulière de coloration des épreuves, il ne semble pas que Richard Harmer soit véritablement l’inventeur du procédé. Paula Fleming décrit, dans la production stéréoscopique de Jules Duboscq et d’autres anonymes par exemple, plusieurs cas de disparités chromatiques antérieures.
José Calvelo
Bibliographie
Richardson Fleming, P. (2009) : The Irisdescent World of Bi-colored Stereos, Stereo World, juillet-août 2009, Volume 35, numéro 1, pages 8-13