Cliquer sur les vues stéréoscopiques afin de les afficher sur la Stéréothèque avec leur notice.
La Stéréothèque possède dans ses collections quelques images de circonstance en ce temps de conclave.
Voilà donc un petit aperçu des différents souverains pontifes mais aussi de leurs lieux de vie et des lieux liés au conclave… en stéréoscopie.
Le Pape Pie IX (1846-1903)
Giovanni Maria Mastai Ferretti est né en 1792. Il est élu pape en 1846 et son pontificat est le plus long de l’histoire de la papauté.
Il meurt en 1792, à 85 ans, après 32 ans à la tête de l’église catholique. Pie IX met en place un comité consultatif avec des laïcs, en charge de communiquer au pape les volontés de la population. Il est aussi connu pour s’intéresser aux techniques et fait construire des réseaux ferrés et télégraphiques au sein des Etats Pontificaux. En 1867, le pape Pie IX convoque le concile Vatican I qui s’ouvre en 1869 et durant lequel est définie l’infaillibilité pontificale en matière doctrinale. Le concile est en cours pendant le mouvement révolutionnaire italien. C’est donc difficile pour le pape de se rendre compte que l’unité italienne portée par le Risorgimento va conduire à une perte d’influence de l’Église, mais aussi à une grande modification des Etats Pontificaux.
Jean Andrieu (« J.A. ») propose plusieurs vues de l’intérieur du Vatican et en particulier du palais de Pie IX. Les vues avec comme numéros du catalogue 1019, 1020 et 1021 nous font visiter l’intérieur du palais du pape : salle d’attente, salle de réception et chambre à coucher.
Dans cette série, nous possédons également les vues de Jean Andrieu numérotées 1015 et 1016 présentant le trône pontifical et la vue 1018 du tombeau de Saint-Pierre à Rome.
Une autre vue stéréoscopique de notre collection permet de voir le lit du pape différemment de celui présenté par Jean Andrieu sous le numéro 1021, la vue MAG3143 dans la Stéréothèque. Cette vue, à l’éditeur non identifié, est également une vue de la collection de Jacques Magendie, la MAG3142. Ce dernier est peut-être celui qui a marqué au crayon au dos de la carte « peut aller de pair avec la vue 1021 de J. Andrieu où le lit a été refait. »
Le pape lui-même n’apparait pas vraiment en stéréoscopie, à part a priori sur la vue illuminée avec le numéro d’inventaire MAG 3172, qui nous plonge dans une « Bénédiction du pape Pie IX à l’église St Pierre (Rome) ».
Cependant, cette vue n’est pas d’un éditeur identifié et donc, la mention « Pie IX » ajoutée par une deuxième main, au stylo bleu, sur la légende manuscrite en noir, peut être remise en question.
Le pape Léon XIII (1810-1903)
Vincenzo Pecci est né le 2 mars 1810 près de Rome. Ses parents sont un ancien colonel de Napoléon 1er et une comtesse italienne.
Sa famille est proche de l’Église. Il est rapidement nommé cardinal, en 1846, grâce au soutien du roi de Belgique Léopold 1er.Vincenzo Pecci est élu pape en 1878 et après le long règne de Pie IX, les cardinaux choisissent un pape de transition, ouvert aux réalités contemporaines.
Le pontificat de Léon XIII, sera aussi un des plus longs de l’histoire. Il sera pape 25 ans, jusqu’à sa mort en 1903.
Il doit faire face à l’instabilité politique en Italie et aux bouleversements liés à l’unification italienne et à ses conséquences sur les Etats Pontificaux. Il sera un pape ancré dans son époque et le premier pape à être filmé en 1896. Vittorio Calcina, un des représentants italiens des frères Lumière, utilise de la pellicule Lumière pour filmer le pape Léon XIII dans ses jardins.
C’est donc logique qu’il soit sûrement le premier à être immortalisé en stéréoscopie.
La vue éditée en 1897 par Benjamin West Kilburn « His Holiness Pope Leo XIII. » nous montre un pape en train de poser pour la prise de vue. Léon XIII est sur son trône, en grandes parures, avec un léger sourire, comme complice avec le photographe pour qui il prend la pose, le regard au loin. Devant lui, un bureau avec le nécessaire d’écriture et notamment une plume dans un encrier.
Les deux autres vues présentes dans notre collection marquent la fin du règne de Léon XIII. Ce sont deux vues proposées par des éditeurs américains. Nous avons tout d’abord une vue éditée par la firme américaine Keystone View Company et prise par son fondateur B.L. Singley, de la dépouille de Léon XIII présentée au monde dans la salle du trône du palais du Vatican en 1903.
Ensuite, une vue éditée par l’American Stereoscopic Company présente le conclave réuni pour honorer Leon XIII et élire son successeur.
Le photographe, situé derrière les rangées de cardinaux prend au premier plan des fidèles, puis des mitres blanches des cardinaux et des archevêques présents pour la cérémonie d’hommage. Nous sommes sûrement entre le 1er et le 4 août 1903, la mort de Léon XII étant annoncée le 20 juillet 1903, à l’âge de 93 ans.
Le Pape Pie X (1835-1914)
Giuseppe Melchior Sarto est né le 2 juin 1835 en Italie. Il est élu 257ème pape le 4 août 1903, après la mort de Léon XIII.
Au déclenchement de la Première Guerre mondiale le 2 août 1914, il lance un appel à la paix dit « Dum Europa » dans laquelle il déclare : « Alors que les peuples d’Europe, presque tous, ont été entraînés dans les tourbillons d’une guerre très meurtrière, dont personne ne peut imaginer les dangers sans se sentir opprimé par la douleur et la peur, nous ne pouvons pas non plus ne pas nous inquiéter de nous sentir déchirés dans la douleur la plus indescriptible pour la santé et la vie de tant de citoyens et de tant de peuples qui nous sont chers ».
Il meurt quelques jours après ce discours, le 20 août 1914 à 79 ans.
Trois vues stéréoscopiques de Pie X sont dans nos collections, toutes d’éditeurs américains. Deux sont vraisemblablement prises au même moment. Le pape Pie X est en habit d’apparat, devant son trône.
On peut imaginer une sorte de séance photo où les photographes du monde entier se pressent pour prendre le pape en photo, sûrement après son élection ?
Sur la vue éditée en 1903 par H.C. White et prise par J.B. Hewitt, le pape est debout. Les archives de l’université de Californie, dépositaires des archives de la Keystone Mast Collection possèdent le négatif de cette vue stéréoscopique.
Sur la vue de 1903 éditée par d’Underwood & Underwood, Pie X est assis sur le même trône et semble bénir la foule de la main.
Au dos de la carte Underwood & Underwood, se trouve comme généralement une explication. En voilà le texte original et une traduction.
“More than 230,000,000 people, devout children of the Holy Catholic Church, can feel that this benediction is meant directly for themselves. When this great and good man, Guiseppi Sarto, came to Rome in July, 1903, as Patriarch of Venice and a member of the Sacred Collège of cardinals, his simple modesty was such that he bought a return ticket for Venice. With his brother cardinals he spent here in the Vatican long days of rigid seclusion, after the death of Pope Leo XIII, and took part in the solemn conclave to choose a new Supreme Pontiff. Crowds waiting outside in St. Peter’s Square eagerly watched the thin wreats of smoke curling up from a certain chimney wher the successive ballots were burned, one lot after another; and when the final decision was for himself, his honest humility of spirit found it hard to accept the highest honors of the church he so loyally serves.
Pius X was born at Riese, Italy, in 1835, the son of poor people from whom he inherited only the wholesome, high minded and kind-hearted nature which he has developed by long years of hard work and unselfish devotion. He has absolute respect and the sincere affection of everybody who knows him, not only within the Church where his life is that of a saint, but also in the world of secular affairs where his sound judgment and broad human sympathy made him a model citizen. It is well for all the world that he has been called of God to vast responsibilities.
What manner of man he truly is we can gather from his words to a large crowd of people here in Rome who cheered him with great enthusiasm soon after his coronation : – My dear people, your kindness towards me gives me much pleasure : but you must not forget that I am only a poor man and that Jesus Christ id all. »
Plus de 230 millions de personnes, enfants pieux de la Sainte Église catholique, peuvent sentir que cette bénédiction leur est directement destinée. Lorsque ce grand et bon homme, Guiseppi Sarto, arriva à Rome en juillet 1903, en tant que patriarche de Venise et membre du Sacré Collège des cardinaux, sa modestie était telle qu’il acheta un billet aller-retour pour Venise. Avec ses frères cardinaux, il passa ici, au Vatican, de longues journées de stricte réclusion, après la mort du pape Léon XIII, et participa au conclave solennel visant à élire un nouveau Souverain Pontife. La foule qui attendait dehors, place Saint-Pierre, observait avec impatience les fines volutes de fumée s’élevant d’une cheminée où brûlaient les bulletins de vote successifs, un tirage après l’autre ; et lorsque la décision finale lui revenait, son honnête humilité d’esprit lui pesait à accepter les plus grands honneurs de l’Église qu’il sert si loyalement.
Pie X est né à Riese, en Italie, en 1835, fils de pauvres gens dont il n’a hérité que la nature saine, noble et bienveillante qu’il a développée au fil de longues années de travail acharné et de dévouement désintéressé. Il jouit d’un respect absolu et de l’affection sincère de tous ceux qui le connaissent, non seulement au sein de l’Église où sa vie est celle d’un saint, mais aussi dans le monde profane où son jugement sûr et sa grande sympathie humaine ont fait de lui un citoyen modèle. Il est heureux pour le monde entier qu’il ait été appelé par Dieu à de vastes responsabilités. Quel genre d’homme il est vraiment, nous pouvons le déduire de ses paroles à une grande foule de personnes ici à Rome qui l’ont acclamé avec beaucoup d’enthousiasme peu après son couronnement : – Mon cher peuple, votre gentillesse envers moi me fait beaucoup de plaisir : mais vous ne devez pas oublier que je ne suis qu’un pauvre homme et que Jésus-Christ est tout. »
La dernière vue de notre collection est faite dans un décor différent, avec des habits différents, par l’éditeur American Stereocopic Company, toujours en 1903, après l’élection. La légende rappelle le changement qui vient d’avoir lieu dans la vie de Giuseppe Melchior Sarto, passé de pauvre prêtre à chef de l’Église Catholique … « once a poor parish priest, now Head of the Catholic Church ».
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Pour terminer ce petit tour de notre collection de stéréoscopies liées aux papes et à la vie de l’Église Catholique, voilà quelques vues des lieux clés de l’élection et du conclave.
La Chapelle Sixtine
La place Saint-Pierre de Rome
La salle du Concile en gravure
Vue tirée d’une gravure de Giuseppe Vasi représentant l’intérieur de la basilique Vaticane.
Cette gravure porte le titre de Alla Santita del Sommo Pontefice Papa PIO VI Felicemente Regnante ; elle fut gravée en 1775.
Un tombeau de pape ...
Cette vue stéréoscopique nous montre le tombeau du pape Grégoire XIII, pape de 1572 à 1585, réalisé par le sculpteur Camillo Rusconi.
Un clin d'oeil local !
Cette vue stéréoscopique de l’entrée de la collégiale d’Uzeste, nous amène à évoquer le pape le plus proche de nous géographiquement parlant … Uzeste et Villandraut sont en effet, selon les sources, les deux lieux de naissance supposés de Bertrand de Got. Uzeste est en tout cas le lieu de son tombeau, comme Pape Clément V.
Bertrand de Got est archevêque de Bordeaux, avant d’être élu pape en 1305. Il est connu comme le Pape Clément, qui donne son nom au château Pape Clément mais aussi à un lycée. C’est le 195ème pape de l’Église Catholique, pape en Avignon de 1305 à 1314 et seul pape girondin !
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Bibliographie
Sur la vie des Papes évoqués :
https://www.la-croix.com/Religion/pie-ix
https://www.la-croix.com/Religion/leon-xiii
https://www.la-croix.com/Religion/pie-x
Les Archives de Californie :
https://oac.cdlib.org/ark:/13030/kt3199p8jw/?order=2&brand=oac4
https://calisphere.org/item/ark:/13030/kt3199p8jw/
Jean Andrieu :
ANDRIEU, Jean. Catalogue des vues stéréoscopiques des Pyrénées, de l’Italie méridionale et septentrionale comprenant la Sicile, et des villes et ports maritimes de l’Océan et de la Méditerranée, de la Suisse, nouvelle collection de l’Espagne. Paris : A. Chaix et Cie., 1868.