julien damoy
Irréville (Eure) 1844 – Bégadan (Gironde) 1941
Jean-Baptiste Julien Damoy (1844 – 1941) ouvre sa première épicerie dans le faubourg Saint-Martin en 1868, peu de temps avant la guerre franco-prussienne, le siège de Paris et la révolution de courte durée connue sous le nom de la Commune. En 1878, il achète un local plus grand aux Batignolles et peu de temps après il ouvre sa première usine à Levallois-Perret où il commence à torréfier son propre café, à fabriquer ses propres confitures et conserves de légumes et où il disposait d’un grand entrepôt pour stocker vins et spiritueux.
En 1889, Julien Damoy commence à se faire connaître en ouvrant une grande épicerie dans le premier arrondissement de Paris, au 31, boulevard de Sébastopol. Au cours des années suivantes, la surface de cette épicerie double (1893) puis quadruple (1906). Parallèlement, de nouvelles usines apparaissent à La Villette et à Ivry-sur-Seine, et des succursales ouvrent à Vincennes, Saint-Denis, Rueil, Clichy et Saint-Mandé. En 1910, l’entreprise emploie entre 1500 et 1800 personnes et distribue ses produits dans quelques 2500 magasins en province et même à l’étranger.
On ne sait pas exactement quand Julien Damoy a commencé à utiliser les cartes postales stéréoscopiques pour augmenter la vente de ses produits, mais comme toutes les cartes postales portant son nom ont un dos divisé, il ne peut pas avoir commencé à les vendre avant décembre 1903. Les cartes postales stéréoscopiques de Damoy ont été imprimées en héliotype par l’éditeur de cartes postales Ernest Louis Désiré Le Deley (1859-1917). Sur certaines d’entre elles, on peut d’ailleurs lire la mention « Héliotypie E. Le Deley ».
Il existe très peu d’informations sur la manière dont les cartes postales stéréoscopiques de Julien Damoy étaient distribuées, mais quelques publicités de 1904 et 1905 révèlent qu’elles se trouvaient dans des boîtes de chocolat appelées « La Tasse » ou « Le Select » qui contenaient toutes deux un peu plus d’une livre de chocolat, une carte stéréoscopique et un coupon. Une fois que vous aviez collecté 100 coupons de chocolats « La Tasse » ou 25 de ceux « Le Select », vous pouviez les échanger contre un stéréoscope. Julien Damoy ne fabriquait pas ses propres stéréoscopes. Il achetait des stéréoscopes en bois à Ernest Le Deley ou utilisait les stéréoscopes en nickel Omnium plus élaborés.
Il existe 26 séries connues de cartes postales de Julien Damoy contenant chacune 24 images, ce qui fait un total de 624 cartes. Les séries 7, 8, 10, 11, 12, 16, 22 et 23 sont en fait divisées en deux sous-ensembles de douze cartes postales, qui ne sont pas toujours liées entre elles. L’ensemble 16 par exemple est composé de douze cartes montrant le château de Pierrefonds, près de Compiègne, au nord de Paris, et d’une autre douzaine de cartes prises dans et autour de Teillay, un village de Bretagne. Aux 624 cartes postales mentionnées, il faut ajouter deux cartes montrant l’intérieur du département confiserie d’une des usines Julien Damoy. La première montre les chocolats en cours de fabrication, la seconde la salle d’emballage où les chocolats sont mis en boîtes avant d’être envoyés aux magasins de détail. Il existe également deux autres séries consacrées à deux sorties distinctes des enfants du 19e arrondissement de Paris.
Les 26 séries « officielles » couvrent un assez large éventail de sujets et de villes : Paris, Bordeaux, Marseille, Nice, Monte-Carlo, Londres, Bruxelles, Anvers, Amsterdam, Genève, Rome, Alger, Biskra (également en Algérie). On trouve également des photos prises dans les Pyrénées, sur la Côte d’Azur et dans certains des lieux touristiques français les plus célèbres comme le Musée du Louvre (séries 20 et 21), Versailles et le Mont Saint-Michel. La série 6 est consacrée au Jardin d’Acclimatation de Paris appelé à l’origine Jardin Zoologique d’Acclimatation. On y voit notamment des hommes, femmes et enfants Ashanti exposés dans un village « typique » de fortune de mai à septembre 1903.
Julien Damoy avait 97 ans lorsqu’il s’éteint dans son château de La Tour de By, à Bégadan, près de Bordeaux, le 8 mars 1941.
Denis Pellerin, indexation collaborative