Avec les élèves de terminale spécialité arts-plastiques du Lycée Jean Moulin de Langon, nous avons exploré la Stéréothèque pour découvrir des images stéréoscopiques venues des quatre coins du monde.

À travers cet article, nous vous invitons à explorer des images stéréoscopiques venues d’Asie, d’Afrique ou du Moyen-Orient. Ces photographies, issues de la Stéréothèque, ne sont pas de simples clichés du passé : elles sont des fenêtres ouvertes sur des époques, des cultures et des contextes historiques parfois étonnants.

Ce travail avait pour objectif d’encourager les élèves à réfléchir plus longuement sur une image, à enquêter sur les événements historiques qui l’entourent, mais aussi à questionner les coutumes et mentalités de l’époque. En plongeant dans ces archives, ils ont développé un esprit critique et une sensibilité historique qui les poussent à mieux comprendre les héritages complexes du monde d’aujourd’hui.

Nous vous proposons ici un voyage à travers les histoires qu’ils ont explorées, pour redonner vie à ces fragments de mémoire.

Notre exploration débute au Japon, à Hiroshima en 1905, bien avant que cette ville ne devienne tristement célèbre.

Hiroshima avant la Seconde Guerre mondiale

En 1905, Hiroshima était une ville en plein essor. La construction du port d’Ujina en 1889 avait dynamisé son commerce, tandis que son industrie, notamment textile, prospérait. Militairement stratégique, la ville abritait la cinquième division de l’armée impériale japonaise et joua un rôle clé lors de la guerre sino-japonaise (1894-1895).

Sur le plan culturel, Hiroshima brillait par ses institutions éducatives, comme l’École Normale Supérieure fondée en 1902. Sa population en pleine croissance profitait de nouvelles infrastructures et d’une vie urbaine améliorée. À cette époque, Hiroshima était une ville dynamique, loin du drame qui marquera son histoire des décennies plus tard.

Les geishas, figures emblématiques de la culture japonaise, sont des artistes traditionnelles formées à divers arts tels que la danse, la musique et la cérémonie du thé. À Hiroshima, elles contribuaient à enrichir la vie culturelle de la ville, perpétuant un art rigoureux appris dans des maisons de formation appelées okiya.

Leur élégance, marquée par des coiffures sophistiquées et un maquillage distinctif, était également un symbole vivant du patrimoine japonais, même dans une ville tournée vers la modernité.

Nous continuons notre voyage en Asie pour rejoindre la Corée et le palais de Gyeongbokgung.

Corée : L'appartement royal de Gyeongbokgung

Séoul, appartements du roi

Le palais de Gyeongbokgung, construit en 1394 puis reconstruit en 1867, abritait l’appartement du roi. Ce lieu fut témoin des bouleversements de l’histoire coréenne : en 1895, il fut attaqué par des soldats japonais, précipitant le départ du roi Gojong. Ce dernier régna jusqu’en 1907, avant que son fils Sunjong ne prenne sa place. L’annexion de la Corée par le Japon en 1910 marqua la fin de la souveraineté coréenne.

En quittant la Corée, nous descendons vers Singapour, une colonie britannique en 1925.

Singapour en 1925 : une escale sur la route maritime

Singapour, Port, chargement du paquebot

 

Construit en 1913 pour la Première Guerre mondiale, ce navire militaire servait alors au transport de civils. Nommé d’après un ministre des Colonies, il symbolise les échanges et les bouleversements de l’époque coloniale.

En 1925, Singapour était une colonie britannique stratégique sur la route entre Marseille et Shanghai. Cette vue stéréoscopique, capturée par Marcel Forhan, nous montre le port animé où le bateau André Lebon faisait escale.

 

Nous remontons ensuite vers le Moyen-Orient, près de Jérusalem, où se trouve l’abbaye Sainte-Marie de la Résurrection.

L'abbaye Sainte-Marie de la Résurrection à Abu Gosh

Église abbatiale de l'abbaye Sainte-Marie de la Résurrection d'Abu Gosh avant réfection

Située près de Jérusalem, cette abbaye fondée en 1900 par des bénédictins a restauré une église croisée du XIIe siècle, identifiée à l’époque comme l’Emmaüs biblique.

De style roman, l’édifice conserve des fresques et abrite une crypte construite dans un ancien réservoir. Aujourd’hui propriété française, l’abbaye accueille une communauté de moines et moniales olivétains, perpétuant une tradition d’accueil et de prière.

De Jérusalem, nous nous dirigeons vers Alexandrie, en Égypte.

La mosquée d'Alexandrie au XIXe siècle

Alexandrie, vue sur la mosquée Nebi Daniel

Au XIXe siècle, Alexandrie était un centre commercial majeur en Égypte, sous occupation britannique. La mosquée, visible sur cette photo stéréoscopique, est un symbole de continuité culturelle et religieuse malgré les changements politiques.

En 1879, des travaux ont été entrepris pour restaurer cette mosquée, témoignant des efforts de préservation du patrimoine sous l’Empire ottoman.

Nous poursuivons notre exploration en Afrique de l’Ouest, au Sénégal.

Sénégal : le mépris colonial

Sénégal, portrait d'un homme en compagnie d'un singe

Au XVIIe siècle, les comptoirs coloniaux le long des côtes sénégalaises jouaient un rôle central dans le commerce triangulaire. Cette image stéréoscopique témoigne de la présence coloniale européenne, marquée par un mépris des lois locales et des populations autochtones.

Le Sénégal, après des siècles de domination, obtiendra finalement son indépendance en 1960.

Nous terminons notre périple africain à Madagascar, à Marovoay.

Marovoay, Madagascar : "La toilette des tamaris" (1900)

Madagascar - Femmes se coiffant devant une maison

Sur cette photographie prise à Marovoay, trois femmes malgaches se trouvent devant une maison. L’une coiffe une autre, tandis que la troisième les observe.

Ce cliché, datant de la période coloniale française en 1897, évoque une méfiance palpable envers les soldats français, souvent associés à des exactions. Ces femmes symbolisent la résilience face à l’occupation et les bouleversements qu’elle a entraînés.

Ce projet a été rendu possible grâce à l’investissement des élèves de terminale du Lycée Jean Moulin de Langon et de leurs professeurs. Leur curiosité pour la stéréoscopie et leur enthousiasme à explorer ces images du passé ont permis de transformer de simples photographies en récits vivants et éclairants.