Commencés en août 1859 sous la responsabilité de Ferdinand de Lesseps, les travaux de creusement du Canal de Suez s’achèvent exactement dix ans plus tard, en août 1869, et l’ouvrage est inauguré en grande pompe le 17 novembre de la même année, en présence de l’impératrice Eugénie (l’épouse de Napoléon III), venue sur le yacht impérial L’Aigle, ainsi que l’empereur d’Autriche François-Joseph.

L’anniversaire de cette inauguration vient d’être commémoré au cours de ce mois de novembre 2019.

Au sein de la collection de la Société Archéologique de Bordeaux (SAB), la Stéréothèque comporte un véritable reportage de dix clichés stéréoscopiques sur cet évènement (SAB063, SAB064, SAB065, SAB066, SAB067, SAB068, SAB072, SAB456, SAB457, SAB458).

Carte itinéraire du canal de l’isthme de Suez (L’illustration du 21 août 1869)

Ferdinand de Lesseps, caricature de Carjat (Source : BnF)

Ferdinand de Lesseps séjourna une première fois en Égypte avec son père, nommé commissaire général en Égypte en 1802. Ferdinand lui-même y occupa ensuite le poste de consul de France de 1832 à 1837. De ces séjours, il avait conservé une solide amitié avec le vice-roi d’Égypte ; il enseigna même l’équitation à son fils, Saïd Pacha. A son accession au pouvoir en 1854, ce dernier, nouveau khédive, octroya à Ferdinand de Lesseps, alors en retraite, la concession du terrain nécessaire à la construction du canal.

Avec des investisseurs français et le khédive, une Compagnie universelle du canal maritime de Suez est constituée en 1858, sous concession de 99 ans. Le creusement démarra en 1859 à la pelle et à la pioche par des milliers de fellahs réquisitionnés. A la suite d’une campagne de protestation contre ce travail forcé, le chantier se poursuivra en 1863 avec des travailleurs salariés et du matériel moderne.

Source : L'Illustration

L’inauguration a lieu le 17 novembre 1869. Pour cette occasion, de nombreux princes et chefs d’état européens sont venus à bord de leurs navires (hormis les souverains de Grande Bretagne qui boudent le canal !), dont l’empereur d’Autriche François-Joseph et l’impératrice Eugénie, son époux Napoléon III, malade, n’ayant pas pu être présent.

Inauguration du canal de Suez par Edouard Riou (Source : herodote.net)

Le yacht impérial, l’Aigle, est bien identifiable sur cette photo, une corvette à vapeur à roues à aube dotée de trois mâts. Ce bâtiment sera le premier à pénétrer dans le canal pour la « croisière inaugurale ». 77 navires forment le convoi officiel, dont 54 sous pavillon français. Les festivités dureront jusqu’au 20 novembre.

Le canal, long de 161 km à niveau (c’est-à-dire sans écluses) permet alors aux navires de l’époque de passer de la Méditerranée à la Mer Rouge en 14 heures de navigation auxquelles il faut ajouter environ deux heures pour l’enregistrement et les formalités. En évitant le contournement de l’Afrique, il raccourcit, par exemple, la route maritime de Londres à Bombay de 8 000 km. On y circule dès le départ en convois en sens unique alterné, avec croisement dans les lacs situés à proximité des deux extrémités : El Ballah et Amer. Les navires, en général des vapeurs mixtes, y circulent avec leur propre mode de propulsion, sous la conduite d’un pilote. Les voiliers sans autre propulsion, doivent être remorqués par un autre navire du convoi (au début, aucun remorquage n’a été prévu).

Between Kantara and El-Ferdane - The First Vessels through the Canal (source : Wikipedia)

Malheureusement, l’Égypte, en difficulté financière, vendit en 1875 ses actions à la Grande-Bretagne dont les navires en étaient devenus de suite les premiers utilisateurs. À la suite de troubles, les Britanniques occuperont militairement la zone du canal à partir de 1882, et en conserveront de fait le contrôle jusqu’à sa nationalisation en 1956.

Sources de la documentation :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Canal_de_Suez

http://www.herodote.net/17_novembre_1869-evenement-18691117.php

Histoire de la Marine, Ed l’Illustration, Paris 1942, pages 514 et 515, à partir d’articles parus dans l’Illustration des 21 août et 18 septembre 1869.

Le Marin, hebdomadaire du 14 novembre 2019.

 

Christian Bernadat

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