Nous sommes en janvier, c’est le mois des étrennes !

D’origine romaine, les étrennes sont synonymes de bon présage et d’un présent – une offrande – faite pour souhaiter bonne fortune. Devenues un cadeau rituel pour la nouvelle année, la tradition traverse les siècles entre Noël et les premiers jours de l’année.

Au XIXe siècle, les journaux regorgent de suggestions de présents, et la stéréoscopie en fait bien entendu partie ! Par exemple, ce numéro du Tintamarre de janvier 1860 : 

Journal Le Tintamarre, 1er janvier 1860, p.4, en ligne sur Gallica (cliquer sur l'image)

C’est dans le journal La Lumière – racheté en 1852 par Alexis Gaudin, éditeur stéréoscopique – qu’on retrouve le plus de suggestions élogieuses quant au choix d’un tel cadeau pour les étrennes : 

Hebdomadaire La Lumière, 25 décembre 1858,en ligne sur Gallica (cliquer sur l'image)

ÉTRENNES PHOTOGRAPHIQUES

L’approche de la nouvelle année ramène pour nous tous tant que nous sommes, grands ou petits, riches ou pauvres, pères de famille ou célibataires — célibataires surtout — une grave préoccupation : celle des ÉTRENNES ! Il y a dans ce seul mot plusieurs problèmes à résoudre :

Offrir le plus beau présent possible en dépensant le moins qu’on puisse ;

Choisir un cadeau qui plaise, tout en tenant compte de l’âge, du sexe et de la situation sociale de la personne à qui on l’offre ;

Faire preuve de goût et d’attention en choisissant autre chose que ce qui se donne vulgairement : bonbons en cornets, en boîtes, en paniers, sous enveloppes, etc., etc. ;

Se conformer aux convenances qui défendent, à moins d’une intimité reconnue, d’offrir aucun objet ayant une valeur intrinsèque trop peu déguisée, comme si tout cadeau, quel qu’il soit, ne représentait pas un nombre plus ou moins grand de pièces de cent sous, de napoléons ou de billets de banque.

Il y aurait un moyen bien simple de se conformer aux exigences de l’usage, en résolvant à la fois tous les problèmes ci-dessus posés, et c’est surtout à la Lumière qu’il appartient de le recommander ; car ce moyen, c’est à la photographie que nous le devons.

Il s’agit tout uniment de substituer aux objets que l’on est convenu de consacrer aux étrennes, un stéréoscope et une collection plus ou moins nombreuse d’épreuves stéréoscopiques.

L’avantage d’un pareil système n’est pas difficile à prouver, surtout à des lecteurs comme ceux de la Lumière.

Nous avons dit qu’on y trouvait la solution de tous les problèmes énumérés plus haut.

En effet :

On peut, pour le prix que coûtent deux livres de marrons glacés, se procurer un stéréoscope et douze épreuves. C’est moins classique, mais c’est plus amusant, et cela dure davantage.

Rien n’empêche, bien entendu, de dépenser beaucoup plus, en augmentant indéfiniment le nombre des épreuves.

C’est un cadeau que les susceptibilités les plus délicates n’auront aucun scrupule d’accepter, les productions artistiques n’ayant pas de prix.

C’est nouveau, c’est intelligent, et cela nécessite dans le choix des sujets un discernement qui ne peut manquer d’être très-favorablèment remarqué. 

Et pourtant, disons-le tout bas, combien ce choix est rendu facile par la variété des oeuvres charmantes publiées par nos laborieux artistes, et que vous trouverez toutes réunies au bureau du journal,—non pas avenue dé Saint-Cloud, dans l’humble maisonnette du rédacteur en chef, mais dans le palais de la rue de la Perle.

Déjà, nous avons vu se presser, dans ces galeries du stéréoscope, la foule des donneurs d’étrennes, et par le genre des collections qu’ils choisissaient, il nous était aisé de deviner à quelles personnes on les destinait.

Les uns faisaient main basse sur les vues de Suisse, d’Italie, d’Espagne ou de Hollande.—Ils ne laissaient de côté ni un chalet, ni un campanile, ni une posada, ni un moulin.—Ceux-là évidemment cherchaient à rappeler des souvenirs de voyage. D’autres élaguaient de ces trésors photographiques tout ce qui n’était pas reproduction de monuments ou d’oeuvres d’art. —Ceux-là préparaient certainement une agréable surprise à un artiste ami. Le plus grand nombre s’emparaient des sujets comiques, si spirituellement composés par le Gavarni du stéréoscope, et riaient d’avance de l’hilarité gauloise que ces charges amusantes allaient provoquer.

Enfin, il en était — et ce n’étaient pas les moins nombreux, — qui, après avoir choisi avec soin parmi les gracieux sujets que renferme la série des scènes de moeurs, romans animés dont chaque chapitre est un intéressant tableau, finissaient par prendre la collection tout entière. — Ces derniers, à coup sûr, destinaient à de beaux yeux la lecture attrayante de ces pages tracées par le blond Phébus.

Un avantage positif de ce genre de cadeaux sur les étrennes futiles , c’est que, destinés parfois à une seule personne, ils sont appelés à charmer pendant de longues soirées toute la procession de visiteurs. Que de fois même on leur devra le moyen de ranimer et souvent d’éviter des conversations languissantes !

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