Ce mois-ci, nous mettons en valeur la loi Ferry du 16 juin 1881, promulguée par le ministre de l’Instruction publique Jules Ferry. Cette loi fondamentale de la Troisième République rend l’enseignement primaire public et gratuit.
Cette loi fut rapidement suivie le 28 mars 1882 par celle rendant l’instruction primaire obligatoire et l’enseignement laïque dans les établissements publics.
La vue stéréoscopique choisie pour illustrer est antérieure à l’événement : elle est datée entre 1856 et 1860. La scène est photographiée par James Elliott, en Angleterre et éditée par Negretti & Zambra.
Bravo à Brigitte Tarrats et José Calvelo, qui ont l’oeil ! La qualité de l’image ne rendait pas les choses aisées…
Il s’agit du triptyque représentant le Martyre de saint Hippolyte de Dirk Bouts et Hugo van der Goes (15e s.) aujourd’hui conservé à la cathédrale Saint-Sauveur de Bruges. Les deux hommes, Dubois de Nehaut et Edmont Fierlants, sont en mission photographique entre la fin 1858 et le début 1859. Il s’agit probablement d’une mission gouvernementale visant à capturer les chefs-d’œuvre de la peinture flamande à Bruges.
Le 11 mai, c’est la journée mondiale des espèces menacées. Dans ce cadre, nous prenons un peu d’avance pour faire du tigre notre image du mois.
Ce tigre a été pris en photo entre 1900 et 1940 dans un lieu inconnu. De nombreuses personnes l’observent au travers de la grille clôturant sa cage.
Le tigre est aujourd’hui classé par le WWF parmi les espèces en danger d’extinction. En 2016, 3890 individus étaient répertoriés sur 5 sous-espèces subsistant (7 existaient en 1900).
Le Panthera tigris est victime de la chasse et du trafic international, pour sa peau et diverses parties de son corps réputées soigner certaines pathologies dans la médecine chinoise traditionnelle…
Au Japon, c’est la célèbre période de hanami ou ohanami, le moment où les cerisiers en fleurs (sakura) fleurissent !
Voici une vue stéréoscopique éditée par White Hawley C. Nous nous trouvons à Hakone, à l’ouest de Tokyo, en 1901.
Il n’y a pas vraiment de sakura sur la vue d’origine mais avec un peu d’imagination…
En outre, l’image de gauche a été colorisée grâce à Colourise.SG, logiciel gratuit en ligne qui se base sur une intelligence artificielle pour proposer une coloration d’image en noir et blanc. Essayez-le !
il s’agit d’une image tirée d’une série de portraits d’actrices parisiennes
Vous avez été plusieurs à proposer des noms : Adèle Blanchart dite Berthe Legrand, Marie Muller, Hortense Schneider, Marie Raphaël, Louise Vaissière dite Lise Tautin,… Les similarités entre ces actrices populaires ont souligné les canons de beauté de l’époque.
Finalement, nous avons envoyé une demande auprès du Département des Estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France pour quatre actrices non identifiées dans nos vues numérisées. Dans les importantes collections stéréoscopiques de la BnF (près de 20 000 vues), une seule correspondait à notre recherche : il s’agissait justement de notre énigme !
Une mention au verso indique « Désirée » sur la vue de la BnF, rien d’autre.
En cherchant un peu plus, nous avons finalement trouvé une correspondance en la personne de Marie Désirée Pochonet (ou Pochonnet), dite Mlle Désirée, chanteuse et comédienne au Gymnase autour de 1850.
Il existe relativement peu d’informations sur elle, mis à part quelques mentions dans des revues, cartes de visite du Musée Carnavalet, images de costumes et autographes. Habituée des rôles d’ingénues, elle est reconnue pour sa grâce et sa gentillesse.
On trouve également une allusion chez Théophile Gautier : « elle n’a pas trop mal répété sa leçon » dans un feuilleton du 5 janvier 1846.
Pierre Laubriet (dir.), Claudine Lacoste-Veysseyre (éd.), Théophile Gautier : Correspondance générale : 1846-1848, Genève-Paris : Droz, 1988, p. 47
Nous savons cependant, par le biais d’un procès dont elle fut le sujet, qu’elle est entrée au théâtre du Gymnase en 1844, à l’âge de 14 ans.
Le théâtre du Gymnase, ou Gymnase-Dramatique ou encore simplement Gymnase, est un théâtre parisien fondé en 1820. Il est aujourd’hui nommé théâtre du Gymnase Marie-Bell et inscrit à la liste des Monuments historiques. L’époque de Désirée correspond à un changement dans le répertoire de l’établissement : on abandonne peu à peu les pièces morales pour passer à un registre plus sentimental issu de Balzac, George Sand, Alexandre Dumas père et fils, Emile Augier,…
Le procès, ayant eu lieu en 1845, oppose sa mère contre le directeur du théâtre, afin d’annuler l’engagement professionnel de sa fille pris pour quatre ans alors qu’elle était encore mineure.
« Voilà ce que dit le directeur, et il a raison. Malheur, malheur aux mères qui confient leurs filles au théâtre ! »
Le déroulé du procès a été retranscrit dans plusieurs journaux de l’époque. Le Journal des débats politiques et littéraires du 18 août 1845 est plus virulent ; on comprend que l’objet de l’affaire concerne plutôt la chute morale d’une jeune fille qu’on devine « coupable », perdue au milieu des frivolités et mauvaises fréquentations du théâtre…
Gazette des tribunaux, jeudi 21 août 1845, 20e année, n° 5655.
La demande de nullité d’engagement est cependant perdue et Désirée continue manifestement de se produire au Gymnase, comme en atteste cette gravure de 1846 où elle est représentée.
Elle a ensuite été mariée deux fois et de sa seconde union avec l’acteur Pierre Frédéric Achard naît Frédéric Alexis Pochonet dit Achard (1848-1913), qui fait également carrière au Gymnase.
Enfin, pour terminer sur notre énigme : nous vous avions donné une datation entre 1874 et 1876, or cette comédienne est décédée en… 1860. Cela nous donne une information supplémentaire sur l’utilisation de photographies, éditées plus tard par Anatole Pougnet et confrères.
Voici une autre photographie stéréoscopique de Mlle Désirée éditée par le même Anatole Pougnet. Cette version provient de la collection personnelle d’Arnaud Rykner qui l’a gentiment partagée afin qu’elle vienne enrichir notre article.
Pour plus d’informations sur la photographie d’acteur : Revue Registres
Pour terminer, parlons de loisirs et restons sur notre sujet principal : la stéréoscopie.
Dans un intérieur bourgeois reconstitué en atelier (un appartement réel n’aurait pas été suffisamment lumineux), une femme regarde à travers un stéréoscope en compagnie d’Alexis Gaudin, photographe et éditeur stéréoscopique et de trois modèles féminins.
Fonds Calvelo
Samedi 9 mars : une vue plus rare
Aujourd’hui, nous vous présentons une image plutôt rare dans notre collection numérisée : nous possédons de nombreuses photos stéréoscopiques de monuments, paysages, vie quotidienne… mais peu de nus, pourtant bien présents dans la création artistique du 19e siècle comme l’ont déjà montré de larges expositions et études.
Cette femme de dos se tient dans une posture assez classique dans la peinture occidentale et dans la photographie contemporaine, on en retrouve des exemples variés comme les odalisques d’Ingres ou les nombreux recours aux légendes mythologiques pour peindre des nus, en particulier féminins.
La stéréoscopie ne manque pas à l’appel et en cherchant rapidement sur internet, les résultats sont bien présents. Un petit tour sur Gallica BnF vous montrera un autre sujet, dans la même posture en cliquant ici. Le support de cette photographie est assez abîmé. Il s’agit d’un daguerréotype, méthode de développement mise au point par Nicéphore Niépce et Louis Daguerre. Une image positive (sans négatif) est produite sur une surface d’argent pur et brillante, exposée directement à la lumière.
Fonds Magendie
Vendredi 8 mars : une photographe dans nos fonds !
En cette Journée internationale des droits des femmes, nous vous présentons une découverte toute récente, sur laquelle nous sommes encore en train d’effectuer des recherches… la présence d’une photographe et éditrice dans nos collections ! Et bordelaise !
Il est assez rare de trouver des femmes dans le milieu de la photographie au XIXe siècle. Ainsi, en dépouillant le fonds Calvelo arrivé récemment au sein de notre corpus, la mention d’édition « Photographie pour tous » attire notre attention, à côté d’une vue d’une fontaine de la place Charles Gruet à Bordeaux.
L’ouvrage de Pierre Bardou « Photographes en Gironde » (1993) nous apporte la solution : cette mention se réfère à Marie Condat, photographe et éditrice à Bordeaux au 91 rue Malbec (magasin attesté jusqu’en 1901). En outre, Marie Condat édite également un journal entre 1865 et 1866 : « L’album photographie universel : journal Bijou » que vous pouvez consulter sur Gallica en cliquant ici.
Fonds Calvelo
Jeudi 7 mars : le fonds Suzanne Dumail
Aujourd’hui, on vous présenter le fonds Suzanne Dumail, fille de Madeleine Tuc (épouse Dumail), institutrice en Haute-Garonne.
Qui est Madeleine Tuc ?
Née en 1914 à Boutx (Haute-Garonne), elle étudie à l’école de jeunes filles de Toulouse. Quelques années plus tard, elle est reçue à L’École Normale ! Seulement, elle a été jugée trop petite de taille et n’a pu intégrer cette école…
Elle devient alors préceptrice puis enseigne en Normandie avant de revenir en Haute-Garonne dans les années 1940 : Argut-Dessous, Boutx, Le Cuing et Malvezie, Antichan-de-Frontignes puis termine sa carrière à Chaum vers 1971.
Madeleine Tuc possédait 114 vues photographiques sur verre destinées à illustrer les leçons de géographie, de sciences ou d’histoire qu’elle donnait à ses élèves. En sciences, les plaques permettaient d’aborder les systèmes digestifs et sanguin ou encore différentes espèces d’animaux. Enfin en histoire, les photographies stéréoscopiques pouvaient exemplifier des leçons sur les principaux châteaux de France, véritable fenêtre sur le monde !
Fonds Dumail
Mercredi 6 mars : Ouled Naïl
Aujourd’hui, nous vous présentons une vue stéréoscopique animée d’une femme Ouled Naïl, une peuplade berbère vivant en Algérie.
La photographie a été prise au début du 20e siècle à Biskra et publiée par Ernest-Louis-Désiré Le Deley, basé à Paris.
Cliquez sur l’image pour voir l’anaglyphe et chaussez vos lunettes bicolores !
Aujourd’hui, nous nous trouvons dans les locaux de l’entreprise De Dion-Bouton à Puteaux, en 1906.
Cette vue nous montre la fabrication des bougies ; les électrodes étaient montées sur des supports tournés, comme nous l’apprend la photo suivante, peut-être dans une sorte de bakélite. De Dion-Bouton est une entreprise intégrée, c’est-à-dire qu’on y fabrique pratiquement toutes les pièces et tous les équipements qui seront montés sur les véhicules. Alors que l’on ne voit en général que des hommes dans les ateliers, constatons qu’ici, il s’agit d’un travail – sans doute plus minutieux – réservé aux femmes.
La collection De Dion-Bouton présente une série exceptionnelle de 49 vues apparemment conçues par les responsables de l’entreprise De Dion-Bouton comme un reportage complet sur leur entreprise. Pour en savoir plus, cliquez ici !
Fonds De Dion-Bouton
Lundi 4 mars : Louise Théo
On commence avec une vue stéréoscopique de Louise Théo (1850-1922), grande chanteuse lyrique de la fin du XIXe siècle.
Née Anne-Louise Piccolo du nom de son grand-père créateur du Théâtre Piccolo, elle débute au Café de l’Horloge sur les Champs-Elysées, fondé par sa mère. Elle est également connue sous les noms de Cécile Piccolo ou Mademoiselle Théo, en référence à son premier époux.
Louise Théo se fait vite repérer par Offenbach qui l’engage pour Pomme d’Api et La jolie parfumeuse (1873). Elle apparaît ensuite dans de nombreuses œuvres comme Orphée aux enfers, La Princesse de Trébizonde, La petite muette, La Timbale and Madame l’archiduc,… Elle se rend à Londres pour une courte durée avant de partir en 1883 en tournée aux États-Unis, à Mexico et à Montréal.
La vue est éditée par Léon & Lévy dans leur série « Sujets artistiques ». L’image a sans doute été prise lors de la même séance de pose que celle effectuée par les photographes parisiens Gaston & Mathieu (40, boulevard Bonne Nouvelle).
MAJ : énigme résolue ! Quentin Bidault, François Bordes et José Calvelo ont réagi très rapidement pour nous indiquer qu’il s’agit du pavillon des manufactures de l’Etat, construit en 1878 à l’occasion de l’Exposition universelle ayant eu lieu à Paris. Merci à eux !
Il s’agit d’une manufacture de tabac, comme l’indique le verso de la carte (voir images). Seulement… nous ne savons pas où a été prise cette vue ni sa datation.
Nous avons besoin de vous ! Saurez-vous la localiser ?
Nous vous souhaitons bonne chance…
À noter si vous aimez les énigmes : cette vue fait partie d’un ensemble de 268 images pour lesquelles des informations nous manquent. Pour voir ces images, il vous suffit de taper « indéterminé » dans la barre de recherche de la Stéréothèque.
Pour commencer l’année 2019, c’est Jason, notre stagiaire, qui a choisi la première image du mois, ou plutôt, le premier Gif du mois !
Direction la Bretagne avec cette prise de vue du XIXe siècle, place des Cordeliers à Dinan.
Sur la droite, on discerne : MERCERIE LAINES FILEE(S) ARTICLES DE PAR(IS) EVALLET. La maison Evallet cesse son activité au début du XXe siècle.
Vous aurez peut-être reconnu l’image d’accueil du Stéréopôle, qui a été montée en image animée pour l’occasion par notre stagiaire, à l’aide d’un logiciel conseillé par La Petite Histoire Illustrée. Merci à Quentin Bidault !
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