Les Jeux Olympiques et la stéréoscopie, le sport du passé en relief

Cela ne vous aura sans doute pas échappé, cette semaine est marquée par l’inauguration des Jeux Olympiques de Paris 2024 ! 

Ce moment de retrouvailles international autour du sport et cette volonté de se surpasser trouve ses origines dès l’Antiquité grecque. Le temps passant et les habitudes évoluant, il était certain que des cérémonies allaient être immortalisées en stéréoscopie !

Jeux Olympiques intercalaires d'Athènes en 1906

Pour commencer, nous allons parler d’un évènement un peu particulier : Les Jeux Olympiques intercalaires de 1906. Ces jeux furent organisés à Athènes pour célébrer les 10 ans de la rénovation des jeux. Contrairement aux Jeux de 1900 et 1904 associés à des expositions universelles, les Jeux de 1906 sont plus compacts.

Initialement organisés comme étant les deuxième Jeux Olympiques d’Athènes et avec l’accord de tout le mouvement olympique, ils sont finalement ultérieurement qualifiés de jeux intermédiaires ou intercalaires.

20 pays ont répondu présents et c’est la France qui atteint la première place du tableau des médailles avec un total de 40 médailles dont 15 d’or !

Cyclistes acrobates allemands lors de l'ouverture des Jeux, Athènes, 1906

Bien que non officiels, ces jeux ont leur importance dans l’histoire olympique car ils marquent le début des traditions cérémoniales, avec notamment le défilé des athlètes internationaux lors de la cérémonie d’ouverture et les remises de médailles.

C’est d’ailleurs la cérémonie d’ouverture que nous pouvons retrouver sur la Stéréothèque :

Athènes, Jeux Olympiques dits intercalaires de 1906, Collection Magendie, MAG3692

Cette vue stéréoscopique éditée par l’American Stereoscopic Company nous permet de voir un moment de l’inauguration de ces jeux si particuliers. Le verso de cette vue explique d’ailleurs ce que le non-averti aurait devant les yeux « Athletic drill of young Greeks in the Stadion at Athens »  traduit en français par « Mouvement d’ensemble exécuté par de jeunes Grecs au Stade d’Athènes »

Jeux Olympiques d'hiver de Chamonix en 1924

Pour continuer à parler des Jeux Olympiques, nous allons remonter tout pile 100 ans en arrière ! En 1924, déjà, les J.O étaient hébergés à Paris. Pour célébrer cet événement, il a été décidé d’accueillir une « Semaine internationale des sports d’hiver » à Chamonix dans les Alpes
françaises, du 25 janvier au 5 février 1924.

Pour parler de cet évènement nous allons principalement nous reposer sur l’article Celebrating the first Winter Olympics – Chamonix 1924, consultable sur 3dAlps, le blog du Dr Peter D. Blair abordant les photographies stéréoscopiques de la région du Mont-Blanc.

Les vues stéréoscopiques de cet article ont été prises par Michel Couttet qui était un photographe officiel pour l’événement et était connu pour ses vues stéréoscopiques. Elles font toutes parties de la collection de Peter Blair.

Chamonix Hockey Jeux Olympiques - Michel Couttet - 1924

« Pour ces sports d’hiver, la plus grande patinoire au monde a été préparée, entièrement faite en glace naturelle couvrant une superficie allant jusqu’à 36 000 m2 et capable d’accueillir deux terrains de hockey sur glace, une boucle de patinage de vitesse de 400 m, une patinoire de curling et deux zones de patinage artistique. »

Chamonix La Patinoire - Michel Couttet - 1924

« En regardant les photos des matchs de hockey sur glace, nous pouvons voir d’énormes différences par rapport à aujourd’hui. Il n’y avait ni casque ni rembourrage et les joueurs semblent jouer en shorts. »

Chamonix Hockey - Michel Couttet 1924
Chamonix Funiculaire aérien - Michel Couttet 1924

« Le premier télépherique des Glaciers, a été inauguré à temps pour les Jeux d’hiver, mais l’usage prévu n’était pas pour skier mais pour la marche et le tourisme. Il a été utilisé pour monter les bobsleighs au sommet du parcours. »

Chamonix Jeux Olympiques - Michel Couttet 1924

Les Scandinaves dominaient les épreuves de ski nordique et le saut à ski. Le Norvégien Jacob Thams a pris de l’or en saut à ski sur la colline du 60m aux Bossons, qui est encore en usage aujourd’hui. Il remporte une médaille d’argent en tir aux Jeux olympiques d’été de 1936, devenant la première personne à remporter une médaille aux Jeux d’été et d’hiver.

Chamonix Jeux Olympiques Saut à Ski - Michel Couttet - 1924
Chamonix Jeux Olympqiues Thams Champion - Michel Couttet - 1924

À la fin de ces jeux, ce sont les pays nordiques qui ressortent grands vainqueurs de la plupart des disciplines, La Norvège et la Finlande occupant respectivement la première et la deuxième place du classement des médailles, devant la Grande Bretagne. Rétrospectivement, en 1926, ces jeux ont été reconnus comme les premiers Jeux olympiques d’hiver.

 

Pour revenir au présent, nos jeux, d’été cette fois, démarrent cette semaine et nous pouvons tous souhaiter un grand succès à cet événement qui peut être une vitrine de notre pays.

Merci encore à Peter Blair pour ses travaux, je vous dirige à nouveau vers son blog mais cette fois vers un article abordant les preuves photographiques du réchauffement climatique et son impact sur les glaciers.

Peter Blair est né à West Kilbride, l’Ecosse, en 1958. Il a étudié la physique chimique à l’Université d’Édimbourg, avec les beaux-arts comme matière externe et, plus tard, les affaires et la finance à l’INSEAD en France.

Aujourd’hui à la retraite, il a commencé sa carrière dans l’analyse chimique et s’est retrouvé dans l’analyse de l’industrie chimique. Il aime le plein air et est un photographe passionné.

Il y a plus de 20 ans, il découvre la stéréoscopie antique et est immédiatement captivé par sa dualité art et technologie. Il collectionne les images stéréoscopiques des Alpes et de l’Ecosse et possède aujourd’hui l’une des collections 3D les plus complètes de ces régions. Il est devenu une autorité mondiale reconnue en matière de stéréoscopie, ayant écrit plusieurs articles, 5 livres, organisé plusieurs expositions 3D et pris la parole lors de conférences et de séminaires au Royaume-Uni, en Europe, en Amérique du Nord et en ligne.

Scotland3D

3dAlps

 

Pierre Chedmail

Les nouvelles stéréoscopiques des 4e du Bugue et d’Eymet

Durant l’année scolaire 2021-2022, en Dordogne, deux classes de 4e ont composé des nouvelles à partir de photographies stéréoscopiques avec l’aide d’un écrivain et éditeur, Patrick Marty, et de leurs enseignantes !

Les classes de 4e C du collège Georges et Marie Bousquet d’Eymet et de 4e Rimbaud du collège Leroi-Gourhan du Bugue étaient inscrites à notre parcours pédagogique  Des photographies anciennes pour découvrir le monde que nous proposons en partenariat avec la DAAC du Rectorat de Bordeaux et la DRAC Nouvelle-Aquitaine.

Dans le cadre de ce dispositif académique, les élèves et leurs professeurs sont amenés à découvrir l’histoire de la photographie, de la stéréoscopie, l’utilisation d’une base de données, la lecture d’images anciennes et à les valoriser par des productions.

Après les interventions du CLEM, les élèves ont choisi, par groupe, la vue stéréoscopique qui les inspirait le plus et ont commencé à rédiger leurs idées avec l’aide de Patrick Marty. Les échanges entre les deux classes ont eu lieu en visioconférence. C’est en tout 14 nouvelles qui ont été réalisées par les classes ! À Eymet, il s’agit de récits réalistes et au Bugue, fantastiques ! Parfois, les différents groupes sont partis de la même vue.

L’ensemble de ces incroyables textes sont à découvrir dans le livre numérique réalisé à l’occasion et comptant pas moins de 143 pages, soit un vrai recueil de nouvelles. Un grand bravo à eux et aux équipes pour toute leur implication !

Cliquer sur la couverture pour afficher le livre

Les « livres pauvres » sur la Première Guerre mondiale des 1ère pro du Lycée Saint-Vincent-de-Paul – 2023-2024

Durant l’année scolaire 2023-2024, une classe de 1ère Pro de Communication visuelle du lycée professionnel Saint-Vincent-de-Paul a travaillé sur un corpus de vues stéréoscopiques concernant la Première Guerre mondiale.

A l’issue de ce projet, les élèves ont réalisé des collages réunissant vues stéréoscopiques des tranchées et poèmes. 

Image du mois # 75 | Juillet

Ce mois-ci nous mettons en avant une vue stéréoscopique qui va de pair avec l’arrivée de l’été ! C’est le retour des moments conviviaux comme ce pique-nique en forêt !

Le photographe James Elliott est probablement l’auteur de cette vue. Il s’agit ici d’une mise en scène en atelier, avec la complicité de figurantes, sous une verrière bien éclairée dans un décor très habilement peint !

Collection Calvelo, CAL258

Les Nouvelles du Stéréopôle | Juin

Les Nouvelles du Stéréopôle

Les actus

Les projets évoluent autour de nos collections ! 

Merci au Lycée des Métiers d'art Toulouse-Lautrec

Fin mai ont eu lieu les oraux finaux des chefs-d’œuvre des lycéens du Lycée des Métiers d’Art Toulouse-Lautrec ! C’est ainsi que se conclue une formidable collaboration longue de deux ans et qui aura permis de voir émerger des projets riches en créativité profitant au Stéréopôle, au Clem en général et à la formation des étudiants.

C’est grâce à leur travail que nous avons obtenu une superbe affiche pour l’évènement de l’année dernière, des photos de Bordeaux en anaglyphe ou le salon 19e visible lors de l’exposition. Cette année, ils nous auront épaté avec un travail irréprochable de conception de logo et de charte graphique que nous avons hâte de vous dévoiler et qui donnera un autre visage à nos projets !

Merci à l’ensemble des lycéens et des professeurs des différentes filières qui nous ont aidé sur ces deux années : Communication visuelle Plurimédia, Marchandisage visuel, Photographie et Tapisserie d’ameublement. Un grand merci à Véronique Tiers, Géraldine Mertz, Stéphane Pezzetti et Richard Barrat ! Bravo aux étudiants lauréats et nous vous souhaitons à tous le meilleur pour vos projets !

La flamme olympique à bordeaux

À l’occasion du passage de la flamme olympique à Bordeaux, nous vous propositions une plongée dans nos collections.

Il y 118 ans on organisait les jeux intercalaires qui se sont déroulés au Stade panathénaïque d’Athènes. 
Les Jeux olympiques intercalaires de 1906, baptisés « Jeux de la décennie », sont une compétition multisports organisés par la Grèce pour célébrer le dixième anniversaire de la rénovation des Jeux olympiques, cet évènement sportif fut un grand succès mais n’est pas reconnu par le CIO en tant que Jeux Olympiques officiels.

En attendant, nos jeux actuels sont bel et bien reconnu par le CIO et ils auront lieu dans moins de deux mois ! 

Collection Magendie 

Bientôt le stereoscopy Day, on se prépare !

Le 21 juin c’est le Stéréoscopy Day ! L’occasion pour nous de faire un petit tutoriel sur la manière la plus simple de prendre des vues stéréoscopiques avec ce que l’on a tous dans notre poche : un smartphone !

L'image du mois

Tous les mois, une photographie stéréoscopique mise en valeur

ɪᴍᴀɢᴇ ᴅᴜ ᴍᴏɪs #74 | Juin

Ce mois-ci nous avons décidé de mettre en avant une stéréo très intéressante dans l’histoire qui l’entoure : après avoir présenté des géants dans ses « freak shows », l’entrepreneur Phineas Barnum eut la chance de découvrir un nain extraordinaire.
Charles Sherwood Stratton, mesurant environ 65 centimètres, il se produisit alors dans l’établissement de Barnum et devint rapidement une célébrité nationale, connu sous le nom de scène de « General Tom Thumb », inspiré d’un personnage du folklore anglais.
 

Cliquer sur l’image pour lire la suite sur le Stéréopôle

La Une du mois

Tous les mois, un article à la Une du Stéréopôle

Pour cette une du mois de juin nous continuons à parler des vues stéréoscopiques inspirées des fables de La Fontaine, cette fois-ci nous nous intéressons à La lice et sa compagne, L’ours et les deux compagnons et L’astrologue qui se laisse tomber dans un puits.

Lire l’article sur le Stéréopôle en cliquant sur l’image

Tour du monde

Visiter le monde en stéréo

#3

L’objectif de cette série est de vous faire voyager à travers les différents pays visibles sur la Stéréothèque : presque une centaine de pays accessible sur notre site ! 

Pour ce troisième numéro, nous sommes aux États-Unis !
Nous partageons ce pays en deux publications, côte Est puis côte Ouest. C’est donc par la côte Est que nous commençons, riche des paysages de Floride et comprenant également la beauté architecturale des grandes villes comme New-York.

Nombreuses sont les vues américaines à retrouver sur la Stéréothèque, la technique de la photographie stéréoscopique s’étant exporté dès le 19e sur le continent.

Perspectives

Points de vue en stéréo

[Perspectives] #7

La stéréoscopie induisant un travail sur la profondeur, nombreuses sont les vues présentant une perspective à un point de fuite. Ces dernières mettent notamment en valeur des chemins, des ouvrages d’art et des galeries.

Nous sommes ici dans la galerie dite Telescope de Crystal Palace vers 1854, cette galerie entoure l’entièreté du bâtiment Londonien et est la plus haute sous le toit. Comme vous le voyez, elle se distingue par ses poutres circulaires qui créent une perspective formidable.

Collection Calvelo

Cliquer sur l’image pour l’afficher sur La Stéréothèque

Aujourd’hui on se retrouve avec les magnifiques expériences de Pierre-Henri Armand Lefort dans le cadre de ce que l’on appellera le stéréoscope des enfants. Ces lithographies aquarellées n’étaient pas pensées pour être vus en anaglyphe mais nous avons nous aussi voulu faire des expériences !

Difficile à dater, on estime cependant que cette série a vu le jour dans les années 1850 et a permis de forger la réputation de Lefort qui deviendra un des plus inventifs créateurs de vue stéréoscopique !

Pour profiter de ce post, n’oubliez pas d’enfiler vos plus belles lunettes anaglyphes 

Re-Vue

Prises de vue passé-présent

Aujourd’hui nous sommes à Dublin devant la Custom House, bâtiment néoclassique du XVIIe siècle qui abrite désormais le ministère du Logement, du Gouvernement local et du Patrimoine.

Cette re-vue repose sur une photographie collée sur carton éditée par Lawrence William et diffusé par M.Stephens. Lawrence produit des vues stéréoscopiques entre 1870 et 1914 !

Collection Wiedemann

Nous collectons, numérisons, décrivons et valorisons les images stéréoscopiques.
N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations !

Actus de nos partenaires

Brian may archive of stereoscopy
Stéréo-club français

Le 21 juin, pour le Stereoscopy Day, Denis Pellerin animera deux visioconférences sur inscription à 17h : Working-class Victorian Women in the Stereoscope et à 19h Victorian Virtual Reality Exhibition : a Curators’ Tour. Lunettes stéréoscopiques nécessaires.  

Toutes les infos sur les différents événements du Stereoscopy Day sur le site dédié et inscriptions en cliquant sur l’image.


Coup de projecteur sur un évènement organisé ce dimanche par le Stéréo-Club Français ! Rendez-vous à 14h au cinéma de Barbotan pour des projections stéréoscopiques et une journée découverte de l’image en relief !

Image du mois # 74 | Juin

 
Ce mois-ci nous avons décidé de mettre en avant une stéréo très intéressante dans l’histoire qui l’entoure :
Après avoir présenté des géants dans ses « freak shows », l’entrepreneur Phineas Barnum eut la chance de découvrir un nain extraordinaire.
Charles Sherwood Stratton, mesurant environ 65 centimètres, il se produisit alors dans l’établissement de Barnum et devint rapidement une célébrité nationale, connu sous le nom de scène de « General Tom Thumb », inspiré d’un personnage du folklore anglais.
 
Après un voyage à Londres, il acquit une renommée internationale, étant reçu par des personnalités telles qu’Abraham Lincoln et la reine Victoria.
Probablement édités par la London Stereoscopic and Photographic Company, divers stéréogrammes de la fin des années 1850 montrent « Tom Pouce » dans des situations mettant en valeur son nanisme par contraste avec les personnes photographiées à ses côtés : courtisant une femme beaucoup plus grande que lui, entouré de gardes de la reine choisis pour leur grande taille, ou encore, comme ici, assis dans une voiture dont le format rétréci est adapté à ses dimensions !

La représentation des fables dans les vues stéréoscopiques

Partie 2 de cette une consacrée aux représentations des fables dans les vues stéréoscopiques faisant parties de nos collections !

La Lice et sa compagne

Gravure de Pierre-Étienne Moitte d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Pour ce deuxième épisode des fables de la Fontaine nous commençons avec « La Lice et sa compagne » qui est la septième fable du livre II de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668.

Une Lice étant sur son terme,
Et ne sachant ou mettre un fardeau si pressant,
Fait si bien qu’à la fin sa Compagne consent
De lui prêter sa hutte, où la Lice s’enferme.
Au bout de quelque temps sa Compagne revient.
La Lice lui demande encore une quinzaine ;
Ses petits ne marchaient, disait-elle, qu’à peine.
Pour faire court, elle l’obtient.
Ce second terme échu, l’autre lui redemande
Sa maison, sa chambre, son lit.
La Lice cette fois montre les dents, et dit :
« Je suis prête à sortir avec toute ma bande,
Si vous pouvez nous mettre hors. « 
Ses enfants étaient déjà forts.
Ce qu’on donne aux méchants, toujours on le regrette.
Pour tirer d’eux ce qu’on leur prête,
Il faut que l’on en vienne aux coups ;
Il faut plaider, il faut combattre.
Laissez-leur prendre un pied chez vous,
Ils en auront bientôt pris quatre.

La fable « La Lice et sa Compagne » de Jean de La Fontaine raconte l’histoire de deux chiennes. L’une, enceinte et proche de mettre bas, demande à l’autre de lui prêter son terrier pour accoucher. La compagne accepte, mais lorsque vient le moment de récupérer son terrier, la lice refuse de partir, arguant que ses petits ont encore besoin de protection.

Fables de La Fontaine, La Lice et sa compagne, collection Dupin 1858, DUP0376

« La Lice et sa Compagne » fait référence à la prudence qu’il faut avoir lorsqu’on prête quelque chose ou qu’on rend service, particulièrement quand il s’agit de biens précieux ou importants. La fable illustre le risque que certaines personnes abusent de la gentillesse et de la confiance qu’on leur accorde, en ne respectant pas les termes de l’accord initial et en profitant indûment de la situation. Pour cette vue stéréoscopique, Furne et Tournier ont mis de côté l’anthropomorphisme des fables de la Fontaine pour choisir de représenter cette histoire de façon très réaliste avec une mère et ses enfants.

L'ours et les deux compagnons

Gravure de Pierre-Étienne Moitte d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Pour continuer ce deuxième article du mois sur les Fable de La Fontaine penchons nous sur « L’ours et les deux compagnons » Livre V Fable 20 Livre V, fable 20 

Deux Compagnons pressés d’argent À leur voisin Fourreur vendirent La peau d’un Ours encor vivant ; Mais qu’ils tueraient bientôt, du moins à ce qu’ils dirent. C’était le Roi des Ours, au conte de ces gens. Le Marchand à sa peau devait faire fortune : Elle garantirait des froids les plus cuisants ; On en pourrait fourrer plutôt deux robes qu’une. 

Dindenaut prisait moins ses Moutons qu’eux leur Ours : Leur, à leur compte, et non à celui de la Bête. S’offrant de la livrer au plus tard dans deux jours, Ils conviennent de prix, et se mettent en quête ; Trouvent l’Ours qui s’avance, et vient vers eux au trot. Voilà mes Gens frappés comme d’un coup de foudre. Le marché ne tint pas ; il fallut le résoudre : D’intérêts contre l’Ours, on n’en dit pas un mot. L’un des deux Compagnons grimpe au faîte d’un arbre. L’autre, plus froid que n’est un marbre, Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent , 

 Ayant quelque part ouï dire Que l’Ours s’acharne peu souvent Sur un corps qui ne vit, ne meut, ni ne respire. Seigneur Ours, comme un sot, donna dans ce panneau. Il voit ce corps gisant, le croit privé de vie, Et de peur de supercherie Le tourne, le retourne, approche son museau, Flaire aux passages de l’haleine. C’est, dit-il, un cadavre : ôtons-nous, car il sent. A ces mots, l’Ours s’en va dans la forêt prochaine. L’un de nos deux Marchands de son arbre descend ; Court à son Compagnon, lui dit que c’est merveille Qu’il n’ait eu seulement que la peur pour tout mal. Et bien, ajouta-t-il, la peau de l’Animal ? Mais que t’a-t-il dit à l’oreille ? Car il s’approchait de bien près, Te retournant avec sa serre. Il m’a dit qu’il ne faut jamais Vendre la peau de l’Ours avant qu’on ne l’ait mis par terre.

Deux compagnons vendent la peau d’un ours encore vivant à un marchand fourreur. Ils prétendent qu’ils le tueront bientôt. Cependant, lorsqu’ils rencontrent l’ours, ils sont terrifiés et ne parviennent pas à le tuer. L’un feint d’être mort, tandis que l’autre grimpe dans un arbre. 

Tout le monde connaît l’expression ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. La fable « L’Ours et les deux Compagnons » de Jean de La Fontaine illustre parfaitement cette sagesse : deux hommes vendent la peau d’un ours encore vivant, mais se retrouvent dans une situation périlleuse lorsqu’ils rencontrent l’animal.

L'astrologue qui se laisse tomber dans un puits

Gravure de Jacques-Philippe Le Bas d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Hélas nous approchons de la fin de la série de  » La représentions des Fables  dans les vues stéréoscopiques » pour ce dernier article voyons ensemble « L’astrologue qui se laisse tomber dans un puits » qui est la treizième Fable du Livre II de 1668

Un Astrologue un jour se laissa choir Au fond d’un puits. On lui dit : Pauvre bête, Tandis qu’à peine à tes pieds tu peux voir, Penses-tu lire au-dessus de ta tête ? Cette aventure en soi, sans aller plus avant, Peut servir de leçon à la plupart des hommes. Parmi ce que de gens sur la terre nous sommes, Il en est peu qui fort souvent Ne se plaisent d’entendre dire Qu’au Livre du Destin les mortels peuvent lire. 

Mais ce Livre qu’Homère et les siens ont chanté, Qu’est-ce, que le hasard parmi l’Antiquité, Et parmi nous la Providence ? Or du hasard il n’est point de science: S’il en était, on aurait tort De l’appeler hasard, ni fortune, ni sort, Toutes choses très incertaines. Quant aux volontés souveraines De celui qui fait tout, et rien qu’avec dessein, Qui les sait, que lui seul ? Comment lire en son sein ? Aurait-il imprimé sur le front des étoiles Ce que la nuit des temps enferme dans ses voiles ? A quelle utilité ? Pour exercer l’esprit De ceux qui de la sphère et du globe ont écrit ? Pour nous faire éviter des maux inévitables ? Nous rendre dans les biens de plaisir incapables ? Et causant du dégoût pour ces biens prévenus, Les convertir en maux devant qu’ils soient venus?

 C’est erreur, ou plutôt c’est crime de le croire. Le firmament se meut ; les astres font leur cours, Le soleil nous luit tous les jours, Tous les jours sa clarté succède à l’ombre noire, Sans que nous en puissions autre chose inférer Que la nécessité de luire et d’éclairer, D’amener les saisons, de mûrir les semences, De verser sur les corps certaines influences. Du reste, en quoi répond au sort toujours divers Ce train toujours égal dont marche l’univers ? Charlatans, faiseurs d’horoscope, Quittez les Cours des Princes de l’Europe ; Emmenez avec vous les souffleurs tout d’un temps. Vous ne méritez pas plus de foi que ces gens. Je m’emporte un peu trop ; revenons à l’histoire De ce Spéculateur qui fut contraint de boire. Outre la vanité de son art mensonger, C’est l’image de ceux qui bâillent aux chimères Cependant qu’ils sont en danger, Soit pour eux, soit pour leurs affaires

La fable en tant que telle est assez brève et laisse rapidement place à une profonde réflexion de l’auteur. Au XVIIe siècle, l’astrologie passionnait les esprits. Le terme “charlatans” évoque peut-être la médecine basée sur les partisans de la considération du corps humain comme une réduction de l’univers ou de ses diverses parties. Les “faiseurs d’horoscope” avaient même dressé l’horoscope de Louis XIV à sa naissance. Le “souffleur” est quant à lui à la recherche de la pierre philosophale, cette substance qui transmute les métaux en or. La Fontaine critique l’astrologie (et non l’astronomie), interroge la place que l’homme se donne par rapport à Dieu et sépare les lois qui régissent l’Univers de ce qui peut arriver aux hommes.

L’image est une stéréographie sépia représentant une scène avec quatre personnages. À gauche, on voit un individu vêtu d’une tenue qui semble être celle d’un astrologue traditionnel, avec une longue robe et un chapeau pointu, regardant à travers un télescope pointé vers le ciel. Ce personnage a fait tomber ou renversé des livres qui sont maintenant éparpillés par terre. À sa droite, trois enfants observent la scène, cette image est intéressante car elle capture un moment ironique où un astrologue, probablement absorbé par l’étude des étoiles, a négligé son environnement immédiat, entraînant la chute des livres. La présence des enfants suggère qu’ils pourraient trouver cela amusant ou curieux. La morale de cette histoire : Ne regarde pas trop haut, ou tu risques de perdre pied. La vraie sagesse se trouve souvent juste sous nos yeux !

Et voila nous avons termine sur la série , les Fables de La Fontaine sont un trésor littéraire, et j’espère que vous avez apprécié cette série autant que nous, c’est un chef d’œuvre littéraire tout comme sa série stéréo 

Léopold Martin

Les Nouvelles du Stéréopôle | Mai

Les Nouvelles du Stéréopôle

Les actus

Les projets évoluent autour de nos collections ! 

Le 1er mai

La fête du travail est l’occasion de mettre en avant quelques photographies stéréoscopiques de travailleurs et travailleuses. Qu’ils soient encore d’actualité ou désuets pour notre société moderne, nombreux sont les métiers immortalisés et trouvables sur la Stéréothèque, des ingénieurs aux lavandières en passant par les poseurs de pavés !

Dans l’ordre (cliquer sur le lien pour l’afficher sur la Stéréothèque) :
MAI0011 Collection Larrieu
MAG5662 Collection Magendie
MRT043 Collection Marty

Le 8 mai

Paris Libéré ! Le 25 août 1944, un moment historique se déroule : la libération de Paris. Le général de Gaulle, avec ses mots puissants, rend hommage aux courageux français et aux forces de la Résistance ! 

Cette photographie capturée juste après la libération montre l’esprit de l’époque.
À gauche, une Peugeot VLV, symbole d’ingéniosité. Alors que l’essence étant rationnée, plusieurs constructeurs français ont essayé de produire des voitures électriques au début de la 2ème guerre mondiale.

Produite de 1941 à 1943, ce minuscule cabriolet pouvait transporter 2 personnes à une vitesse maximale de 36 km/h, avec une autonomie de 80 km environ. Pour l’alléger au maximum afin de compenser le poids des batteries (abritées sous le capot avant), la caisse est minimaliste : les portières sont minuscules et il faut replier la partie avant de la capote pour arriver à se glisser dans l’habitacle.

Ces véhicules, témoins de l’histoire, rappellent l’innovation et la résilience des Français. Sacha Guitry lui-même en possédait un. C’est l’histoire de la liberté et du triomphe français qui défile sur les Champs-Élysées !

Cliquer sur l’image pour l’afficher sur la Stéréothèque

L'image du mois

Tous les mois, une photographie stéréoscopique mise en valeur

ɪᴍᴀɢᴇ ᴅᴜ ᴍᴏɪs #73 | Mai

Ce mois-ci nous avons décidé de mettre en avant une épreuve à mouvement !
Les épreuves à mouvement publiées par Furne et Tournier étaient des stéréogrammes très particuliers, pouvant simuler une certaine « animation » de l’image au moyen d’un appareil vendu par les deux cousins et qu’ils qualifiaient d’obturateur.

Il ne semble pas que cet accessoire ait été retrouvé ou identifié. Il est donc difficile de se faire aujourd’hui une idée de l’efficacité du dispositif. Les épreuves à mouvement, moins insaisissables que l’appareil qui permettait de les mettre en œuvre, restent cependant elles-mêmes assez rares.
La mise en scène que vous observez est un tout petit peu plus complexe que la plupart des autres puisqu’elle implique non pas un seul personnage dans deux postures différentes, mais deux figurants dans deux poses distinctes.

Collection Calvelo

Cliquer sur l’image pour l’afficher sur le Stéréopôle

La Une du mois

Tous les mois, un article à la Une du Stéréopôle

La représentation des fables de La Fontaine par Furne et Tournier

par Pierre Chedmail

Entre 1857 et 1864, Charles-Paul Furne et Henri-Alexis-Omer Tournier ont collaboré pour produire près de 40 séries de vues stéréoscopiques, établissant ainsi leur réputation en tant que figures majeures de la production et de l’édition de cartes stéréoscopiques en France pendant l’apogée de cette technique. Leur partenariat a donné naissance à environ 7000 photographies, témoignant de leur dévouement à capturer et à partager des moments de la vie quotidienne ainsi que des scènes remarquables de leur époque.

Parmi ces réalisations remarquables figure une série dédiée à l’illustration des fables de La Fontaine. Ces vues, imprégnées de l’esprit de leur temps, offrent une plongée fascinante dans la société et les valeurs de l’époque. En effet, elles regorgent d’informations précieuses, nous permettant de découvrir non seulement les récits intemporels de La Fontaine, mais aussi les coutumes, les attitudes et les préoccupations de la société du XIXe siècle.

Lire l’article sur le Stéréopôle en cliquant sur l’image

Tour du monde

Visiter le monde en stéréo

#2

L’objectif de cette série est de vous faire voyager à travers les différents pays visibles sur la Stéréothèque : presque une centaine de pays accessibles sur notre site !

Pour le deuxième numéro de cette série, nous sommes au Mexique ! 
Nous commençons avec une vue prise par Alfred Briquet. Un photographe qui est arrivé au Mexique en 1866, pour échapper, sans doute, aux conséquences pénales d’une banqueroute en France.

Les deux photographies stéréoscopiques suivantes ont toutes les deux été prises par le photographe James Jarvis en 1890.

N° d’inventaire :
CAL0238 ( collection Calvelo)
TST405, TST357 (collection Toussaint)

Cliquer sur les liens pour les afficher sur La Stéréothèque

Aussi en mai : le 4 mai
Aujourd’hui c’est Star Wars Day car… May the Fourth (Force) be with you ! 
La vue stéréoscopique correspond à une scène d’escrime ou un entraînement de Jedi (nous ne sommes pas sûrs, cela arrive lorsque nous indexons) entre 1860 et 1870. La vue pourrait correspondre à une vue de Verneuil dans la série des Scènes militaires. Ou à la préparation d’une cérémonie célébrant la Force. Là aussi nous ne sommes pas sûrs.
Collection Magendie
Cliquer sur l’image pour l’afficher sur la Stéréothèque
Toujours en mai : la Nuit des musées

Le 18 mai, c’était la 20e Nuit européenne des musées, l’occasion de replonger dans quelques unes des stéréos de musée qui font partie de la Stéréothèque ! 

Collections Dumail, Magendie, Toussaint, Wiedemann

Flashback en mai 2023

C’était il y a un an déjà ! Notre événement Bordeaux Capitale de la stéréoscopie voyait le jour et comme nous vous l’avions évoqué, il s’agissait du premier !

 

 

Nous collectons, numérisons, décrivons et valorisons les images stéréoscopiques.
N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations !

La représentation des fables de La Fontaine par Furne et Tournier

Entre 1857 et 1864, Charles-Paul Furne et Henri-Alexis-Omer Tournier ont collaboré pour produire près de 40 séries de vues stéréoscopiques, établissant ainsi leur réputation en tant que figures majeures de la production et de l’édition de cartes stéréoscopiques en France pendant l’apogée de cette technique. Leur partenariat a donné naissance à environ 7000 photographies, témoignant de leur dévouement à capturer et à partager des moments de la vie quotidienne ainsi que des scènes remarquables de leur époque.

Parmi ces réalisations remarquables figure une série dédiée à l’illustration des fables de La Fontaine. Ces vues, imprégnées de l’esprit de leur temps, offrent une plongée fascinante dans la société et les valeurs de l’époque. En effet, elles regorgent d’informations précieuses, nous permettant de découvrir non seulement les récits intemporels de La Fontaine, mais aussi les coutumes, les attitudes et les préoccupations de la société du XIXe siècle.

Les voleurs et l'âne

Illustrateur Jean-Baptiste Oudry (Gravure de Pierre François Tardieu) 1755

Nous commençons avec Les Voleurs et l’Âne qui est la treizième fable du livre I de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668.

Pour un Âne enlevé deux Voleurs se battaient :
L’un voulait le garder ; l’autre voulait le vendre.
Tandis que coups de poing trottaient,
Et que nos champions songeaient à se défendre,
Arrive un troisième Larron
Qui saisit Maître Aliboron.
L’Âne, c’est quelquefois une pauvre Province.
Les Voleurs sont tel ou tel Prince,
Comme le Transylvain, le Turc et le Hongrois.
Au lieu de deux j’en ai rencontré trois :
Il est assez de cette marchandise.
De nul d’eux n’est souvent la Province conquise :
Un quart Voleur survient, qui les accorde net
En se saisissant du Baudet.

Cette fable est à mettre en relation avec la complexité de la situation politique internationale dans les Balkans à cette époque

Il était question en 1661 que la Turquie déclare la guerre à l’Empire qui avait des prétentions sur la Hongrie et la Transylvanie.

Fables de La Fontaine, les voleurs et l'âne, Collection Magendie. 1868. Mag 6129

La leçon de la fable est que la mésentente est toujours néfaste.

À force de rechercher la confrontation ou de vouloir s’imposer par la force, l’on peut tout perdre. Celui qui a gagné, c’est-à-dire maître Aliboron, n’est pas l’un des deux voleurs mais plutôt une personne étrangère au conflit, qui n’a fait que ramasser ce qui traînait, sans user de force.

C’est cet instant précis de la fable qui est illustré dans cette vue de Furne et Tournier  avec la légende qui l’accompagne « Arrive un troisième larron qui saisit maître Aliboron ».

Le loup et le chien

Illustration Jean-Jacques Grandville, 1668

Continuons avec Le loup et le chien, cinquième fable du premier livre édité en    1668 : 

Un Loup n’avait que les os et la peau ;
Tant les Chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eût fait volontiers.
Mais il fallait livrer bataille
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.

Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu’il admire.
Il ne tiendra qu’à vous, beau sire,
D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? Rien d’assuré, point de franche lippée.Tout à la pointe de l’épée.

Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.

Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?

Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son maître complaire ;
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
……..Sans parler de mainte caresse.

Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé :
Qu’est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? rien ? Peu de chose.
Mais encor ? Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu’importe ?

Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.

Fables de La Fontaine, Le Loup et le Chien, Collection Dupin. 1868. DUP0377

Cette fable animalière oppose deux animaux à la morphologie proche mais à la vie très différente : l’un est sauvage et l’autre est domestique. Cette confrontation permet à La Fontaine de présenter deux conditions : l’insécurité liée à la liberté et le confort lié à la servitude.

Cette fable fait par ailleurs directement référence au mécénat qui a permis à Jean De La Fontaine de vivre et de créer mais qui lui a parfois imposé la censure.

La Fontaine termine sur une image forte : la fuite du loup affirme mieux l’importance de la liberté que les meilleurs discours. Et pourtant la liberté du loup semble étrangement figée, sans issue.

Pour cette vue, les photographes ont mis de côté l’idée d’animaux antropomorphes mais ont bien sûr conservé cette notion de classe différente entre le sujet représentant « le chien » bien vêtu et indiquant la maison de son maître et celui symbolisant « le loup » habillé plus simplement et voulant se diriger vers la forêt. 

Le renard et les raisins

Pour cette une du mois nous finissons avec Le renard et les raisins, onzième fable du livre III de Jean de La Fontaine. Cette fable est la plus courte écrite par le fabuliste.

Certain Renard Gascon, d’autres disent Normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille
Des raisins mûrs apparemment,
Et couverts d’une peau vermeille.
Le galant en eût fait volontiers un repas ;
Mais comme il n’y pouvait atteindre :
« Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. »
Fit-il pas mieux que de se plaindre ?

Dans une perspective psychanalytique elle illustre le déni comme réaction aux frustrations douloureuses issues des conflits entre nécessité, besoin ou désir, et de l’incapacité à les satisfaire.

Le renard finit par se convaincre qu’il ne mange pas les raisins non parce qu’ils sont hors de sa portée mais parce qu’ils sont trop verts.

Dans cette vue de Furne et Tournier, le Renard est représenté par un homme ne pouvant accéder aux « fruits trop vert » qui sont ici personnifiés par des jeunes filles, trop jeune donc pour le galant mais « bons pour des goujats ».

Les représentations de fables en photographie stéréoscopique sont nombreuses, outre la série de Furne et Tournier, on trouve d’autres photographe qui ont appliqué leur style pour s’essayer à l’exercice mais nous verrons cela lors de la suite de cette une, le mois prochain !


Bibliographie

Image du mois # 73 | Mai

Ce mois-ci nous avons décidé de mettre en avant une épreuve à mouvement !
Les épreuves à mouvement publiées par Furne et Tournier étaient des stéréogrammes très particuliers, pouvant simuler une certaine « animation » de l’image au moyen d’un appareil vendu par les deux cousins et qu’ils qualifiaient d’obturateur.

Il ne semble pas que cet accessoire ait été retrouvé ou identifié. Il est donc difficile de se faire aujourd’hui une idée de l’efficacité du dispositif. Les épreuves à mouvement, moins insaisissables que l’appareil qui permettait de les mettre en œuvre, restent cependant elles-mêmes assez rares.
La mise en scène que vous observez est un tout petit peu plus complexe que la plupart des autres puisqu’elle implique non pas un seul personnage dans deux postures différentes, mais deux figurants dans deux poses distinctes.

Collection Calvelo
CAL305