L’identification d’un trois-mâts à quai à Bordeaux : un cas d’école.
Pour l’amateur d’histoire du port de Bordeaux et d’histoire de la marine, cette vue se présente comme une énigme : un trois-mâts, a priori de commerce, amarré à quai à Bordeaux, sans autre indication. Notons que la légende de la photo donnée par l’éditeur (« Bâtiments et perspectives du quai ») est plutôt inappropriée : de perspective du quai, on n’en voit pratiquement pas !
Opportunément, du côté de l’histoire de cette photographie, on a pu retrouver que, le 10 novembre 1862, Jean Andrieu déposa plusieurs photographies d’une série non mentionnée clairement, mais qui correspond à celle qu’il nommera par la suite Villes et Ports maritimes. À l’occasion de ce dépôt, il fait enregistrer un lot de 77 photographies de Brest, Bordeaux, Cherbourg et du Havre. Ce tirage porte le numéro 7352 du dépôt légal du département de la Seine. On peut donc supposer que cette photo a pu faire partie de ce lot et qu’elle a donc été réalisée avant novembre 1862.
Première question : la présence sur la photo d’un quai vertical :
Quelle était la configuration des quais de Bordeaux avant novembre 1862 ? Le tableau ci-dessus illustre la configuration des quais au centre du port, avant les années 1860 : les navires de commerce étaient amarrés au milieu du fleuve (on dit alors usuellement « en rivière »), y compris pour les chargements et déchargements qui se faisaient sur des allèges, (bateaux légers à fond plat qui allaient ensuite décharger sur les rives en pente) ; ces embarcations étaient ensuite déchargées sur la rive vaseuse et pentue en installant des passerelles en planches sur lesquelles les portefaix (les « dockers » de l’époque) circulaient, lourdement chargés et dans un équilibre précaire…
Devant la place de la Bourse, cas de la représentation de ce tableau, un débarcadère en bois fut édifié à partir de 1828, comme l’explique l’historien Olivier Lescorce à l’occasion du congrès national des Sociétés Historiques et Scientifiques en 2001 [Cf. Bibliographie] :
« En l’absence de quais, les grands navires étaient encore chargés et déchargés en rivière mais leur taille augmentant et les compagnies [de paquebots surtout] souhaitant diminuer leurs frais, celles-ci firent édifier des débarcadères pour embarquer et débarquer sans être tributaires du va-et-vient par barques entre la berge et le lieu de mouillage. […] Dans le reste de la rade, des appontements fixes en charpente furent établis sur pilotis ancrés dans la berge. Suffisamment avancés en rivière, ils permettaient aux grands navires d’accoster en restant à flot même à basse mer. Les deux premiers débarcadères en charpente furent mis en service avant 1830, celui de l’Entrepôt [Laîné] fut construit en 1825 et celui de la Douane en 1828. Ils présentaient à partir du terre-plein de la rive deux avancements en rivière »
Ce dispositif est clairement visible sur la gravure ci-dessous que l’on ne peut donc pas dater antérieurement à 1828 :
Dans un second temps, en 1856, comme le précise à nouveau Olivier Lescorce, ces embarcadères sont remplacés par un premier « quai vertical » :
« Le premier quai vertical fut construit entre 1846 et 1856 de la Douane à l’Entrepôt (créé en 1822) sur une longueur de 911 mètres. […] Ce premier quai vertical s’avança de 43 mètres en rivière jusqu’à l’alignement des débarcadères qu’il remplaça » [Même source].
Ensuite, de 1863 jusqu’en 1867, des travaux seront entrepris pour remplacer cette installation par un « quai vertical » maçonné, toujours de manière assez restreinte : du droit de la façade de l’hôtel des Douanes au droit de celle de l’entrepôt Laîné (pour simplifier : devant la place de la Bourse et la place des Quinconces jusqu’à la Bourse maritime).
La photo sur laquelle nous enquêtons semble donc se rattacher à la première phase de ces travaux : le trois-mâts est clairement amarré à un quai vertical maçonné. Mais, ce quai, de longueur limitée est, de préférence, réservé aux paquebots déjà nombreux, et souvent déjà à vapeur, tandis que les navires de commerce restent, en général, amarrés au milieu du fleuve.
Les travaux d’extension de ces quais, entrepris à partir de 1863 pour s’achever en 1867, sortent de notre limite de date donnée par le dépôt légal de la série photographique.
Compte tenu de ces éléments de datation, la scène doit être localisée au sein de cette portion de quai, devant la place de la Bourse. Et, puisque nous sommes avant novembre 1862, que fait ici ce navire qui semble, plutôt qu’un paquebot, être un trois-mâts de commerce (majoritairement destiné au transport des marchandises, même s’il pouvait embarquer aussi quelques passagers) ? Sa présence y parait inhabituelle.
Deuxième question : que nous enseigne l’observation détaillée du navire sur la photographie ?
Si l’on grossit une des vues de la photo (image de gauche) et qu’on l’observe en détail, comparativement à la proue d’un navire de la même période normalement armé (image de droite), on constate plusieurs différences :
Une bigue à mâter (flèche 1) (vraisemblablement la « grue à mâter » alors encore installée devant la place de la Bourse) soutient solidement un élément de mâture incliné, complété d’un palan arrimé (« frappé » dit-on dans la marine) sur le pont du navire (flèche 2). Cet élément incliné est le « bout dehors » (flèche 3), partie du beaupré qui normalement dépasse largement de la proue ; mais il n’est pas du tout en position fonctionnelle : il est reculé sur le pont et n’assure plus sa fonction de maintien à la verticale du mât d’avant (le mât de misaine) au moyen des étais ou élingues qui y sont habituellement fixés.
On peut en conclure que ce navire est à quai pour une réparation de moyenne importance, un changement du « bout dehors » du beaupré suite à une avarie ; que cette intervention explique sa présence à quai. Cette manœuvre est d’ailleurs assez délicate : elle va supposer de détacher les étais du mât de misaine (ce qui n’est fait qu’en partie sur la photo), opération risquée qui suppose une absence de vent et une marée à l’étale ; en effet, à ce moment, le mât de misaine sera en équilibre sur son emplanture (des étais de secours seront momentanément frappés sur le pont ou les francs bords).
Troisième élément : à quel type précis de navire avons-nous affaire ?
L’examen détaillé de la photo permet de considérer que c’est bien un trois-mâts (le quatrième mât, qui se devine en arrière, semble se rattacher à un second navire amarré par derrière celui-ci). En ce qui concerne le troisième mât en partant de l’avant, dit « mât d’artimon », il semble porter des « vergues », ces éléments de mâture horizontaux portant les voiles « carrées », comme celles des deux mâts précédents. Ceci caractérise un trois-mâts dit « carré » (en opposition au trois-mâts barque dont le troisième mât porte une voile triangulaire). Le trois-mâts carré est moins maniable que le trois-mâts barque ; ce type de mâture est en voie de disparition à cette époque.
Nous avons donc sous les yeux un navire à voiles dit « à phares carrés » (en pratique des voiles en trapèze montées à l’horizontale), de coque assez renflée, vu de l’avant (de sa proue), à coque en bois : les « bordées » (les lames de bois) qui recouvrent la coque sont clairement visibles. Malheureusement, à l’époque, le nom du navire et son port d’attache sont toujours indiqués exclusivement à l’arrière (la poupe), à l’opposé de notre vue.
Autre caractéristique remarquable, les mâts de ce navire sont tenus (« frappés ») à la coque, non pas sur l’extérieur du franc-bord, comme à l’habitude, mais à l’intérieur de celui-ci. Enfin, ce navire est dépourvu de figure de proue. Ces deux caractéristiques sont assez rares.
Tout ceci permet de caractériser un navire spécifique, de conception déjà assez ancienne à cette date où les navires à coque métallique commencent à se généraliser.
Quatrième élément : un indice peut-il nous mettre sur la piste de la compagnie maritime ?
La réponse est positive ! En effet, la « livrée » du navire (sa décoration) est constituée d’une large bande blanche courant sur tout le pourtour de la coque, sur laquelle sont peints des « faux-sabords » noirs. À cette date, cette « livrée » correspond à celle de l’armement Le Quellec & Bordes, à l’époque déjà grand armement bordelais, avec 9 navires armés ; les « vrais sabords », quant à eux, étaient des trappes fermées par des volets montées sur les navires de guerre qui permettaient de fournir aux canons l’ouverture nécessaire à leur tir.
Notre chance est que cette compagnie a fait l’objet d’une étude détaillée par les auteurs Claude & Jacqueline Briot ; leur ouvrage donne une liste en principe exhaustive des navires qui en ont fait partie.
Au sein de cette liste de navires, la limite de date donnée par le dépôt légal de la photo (1862) et les caractéristiques décrites ci-dessus (trois-mâts carré à coque bois) permettent de n’en conserver qu’un seul : le Valparaiso, construit sur les chantiers Chaigneau & Bichon en 1848. Ce navire restera dans les armements successifs (notamment A.D. Bordes), sous la même livrée, jusqu’à de graves avaries qui le condamnèrent en 1876.
Eléments de confirmation et conclusion :
Le Valparaiso, lancé en 1848, trois-mâts carré à coque en bois de l’armement Le Quellec & Bordes, Cl. & J. Briot (Tableau collection Ledésert).
Remarque : ce tableau est une « vue d’artiste », peu précise notamment sur les éléments de la coque : les bordées en bois n’apparaissent pas et la coque est traitée en blanc, couleur imaginaire (car inhabituelle sur les bateaux de cet armement).
Selon le relevé de nos auteurs, sur la période 1861-1862, le Valparaiso est à Bordeaux deux fois :
- une première fois, en janvier 1861, en provenance de Valparaiso, avec une cargaison de café, de nacre et de cuivre, escale qu’il quitte le 25 mai 1861 pour la même destination ;
- une seconde fois, venant de la même provenance, en avril 1862, avec une cargaison de minerai de cuivre, de cornes et de cuirs ; il quitte le port le 19 juillet 1862 à destination des îles Chincha (dépendances du Pérou), au large de la ville de Pisco, pour charger du guano (dont les européens font un engrais agricole), produit dont l’armement Bordes (qui succèdera à Le Quellec & Bordes à partir de 1869) se fera une spécialité.
Ce navire a donc 13 ou 14 ans d’âge en 1861-1862. De cette compagnie bordelaise, c’est celui qui dessert le plus régulièrement Bordeaux (au moins 7 fois de 1848 à 1867) ; il est notamment resté à Bordeaux durant 9 mois au cours des années 1861 et 1862, périodes qui furent mises à profit pour des travaux d’entretien. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait été présent lors du passage du photographe à Bordeaux.
Ainsi, compte tenu de tous ces éléments, il y a une forte probabilité que le navire de cette photo soit bien le Valparaiso, qui profite d’une de ses deux escales pour changer le « bout dehors » de son beaupré ; dans ce cas, la photo a pu être prise au cours de l’une de ces deux escales : soit entre janvier et le 25 mai 1861, soit du mois d’avril au 19 juillet 1862.
* * *
L’identification précise de cette photographie, certainement une des plus complexes de l’histoire de la Stéréothèque, démontre à quel point les indices les plus variés et parfois les plus inattendus peuvent permettre de « faire parler » une photographie, bien au-delà de ce à quoi on pourrait s’attendre au premier abord. La connaissance préalable d’une date limite pour la série photographique, comme ce fut le cas ici, a été essentielle. Mais l’identification a aussi été facilitée par la connaissance particulière du sujet photographié (lié à la construction navale bordelaise) et par la chance qu’une étude précise ait été publiée sur la compagnie maritime concernée, cas assez inhabituel pour les armements du XIXe siècle. Cet ensemble en fait un cas d’école particulièrement intéressant.
Christian Bernadat
Bibliographie :
Les quais de Bordeaux rive gauche du XVIIe au XXe siècle : espaces portuaires ou balcon urbain ? Olivier Lescorce, Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, Année 2001 pp. 199-215 (https://www.persee.fr/doc/acths_0071-8440_2001_act_124_1_5935).
Cap-horniers français, Tome 2 : Histoire de l’armement Bordes et de ses navires, Claude et Jacqueline Briot, Éd du Chasse-Marée, Douarnenez, oct. 2003
Quand Lormont construisait des navires, Christian Bernadat, Éd de l’Entre-deux-Mers, Camiac-et-Saint-Denis, Déc. 2023
Dépôt légal de la série photographique par Jean Andrieu (recherche effectuée par José Calvelo).
Les Nouvelles du Stéréopôle | Mars
Les Nouvelles du Stéréopôle
Les actus
Les projets évoluent autour de nos collections !
En 2024, notre newsletter évolue !
Comme nous l’avions évoqué en janvier, afin de faciliter l’usage et la visibilité du Stéréopôle et de tendre à une réduction de notre impact écologique selon le Guide d’orientation et d’inspiration pour la transition écologique de la culture publié par le Ministère de la Culture, Les Nouvelles du Stéréopôle seront désormais accessibles directement sur le Stéréopôle dans la rubrique « Les actus ».
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EN MARS
C’est la nouvelle du mois !!
Les fonds de la Brian May Archive of Stereoscopy arrivent sur la Stéréothèque !
Nous sommes honorés de la confiance que nous accorde la Brian May Archive of Stereoscopy pour la gestion de ce fonds exceptionnel, et nous sommes ravis de pouvoir le partager avec vous.
En cette période de vacances scolaires, petit tour dans le passé lors d’une bataille enfantine de boules de neiges. Légendée « Snow Ball », il existe également d’autres vues de cette bataille intitulées « The Great Game of Snow Ball » ou encore « On the Way to school » !
Vue photographiée et éditée par Benjamin West Kilburn en 1889.
Collection Toussaint
Quoi de mieux pour célébrer l’arrivée du printemps qu’une composition florale ?
En ce 21 mars où la nature se pare de ses plus belles couleurs, nous mettons en avant une vue minutieusement coloriée à la main, les peintres travaillant pour Furne & Tournier étaient généralement reconnus pour la qualité de leur travail. Cette vue fait partie d’une série de douze stéréogrammes intitulée « Etudes de fleur » dont vous observez actuellement l’étude n°8.
Collection Calvelo
L'image du mois
Tous les mois, une photographie stéréoscopique mise en valeur |
ɪᴍᴀɢᴇ ᴅᴜ ᴍᴏɪs #71 | Mars
Pour démarrer ce mois de Mars, c’est moi, Pierre, ex-stagiaire et nouvel employé au Clem qui ai choisi l’image du mois ! 😄
Et pour rester en lien avec mon parcours audiovisuel j’ai voulu choisir une image représentant un instant de photographie. Vous voyez donc une mise en scène parodique. Reprenant les codes de celles auxquelles Furne (seul d’abord, puis en association avec Tournier) se livrait à la fin des années 1850. La nudité candide de l’opérateur n’est, bien entendu, guère conforme à la réalité des opérations photographiques dans l’atelier…
Collection Calvelo
Cliquer sur l’image pour l’afficher sur le Stéréopôle
La Une du mois
Tous les mois, un article à la Une du Stéréopôle
Pour cette une du mois de mars, nous partons à Madagascar, lors de la seconde expédition française. Cet article est ponctué d’extraits de « Souvenirs de Campagne », un ouvrage du soldat Léon Silbermann qui permet d’ajouter plus de contexte aux vues que nous observons.
Lire l’article sur le Stéréopôle en cliquant sur l’image
Les nouveautés du Stéréopôle et de la Stéréothèque
Toutes les mises à jour de nos sites
Nouvelle page
Mise à jour
Francis Frith
Aidez-nous à identifier ces stéréos !
La page présentant le travail de ce photographe et éditeur spécialiste de l’Égypte est en ligne !
La page d’énigmes a été mise à jour !
Nouvelles présentations de Fonds
Nouvelles ouvertures de collections
De nouvelles collections ont rejoint les rangs de la Stéréothèque ! Nous sommes actuellement à 16 637 vues numérisées accessibles en ligne !
Fonds Brian May Archive of Stereoscopy
Fonds Oaks
Plongez dans l’histoire fascinante de l’Égypte à travers les yeux de Francis Frith, évoqué plus haut, célèbre photographe du XIXe siècle, dont les vues stéréoscopiques captivent l’imagination depuis des décennies. Grâce à notre partenariat privilégié avec la Brian May Archive of Stereoscopy, nous sommes fiers d’annoncer l’arrivée de ses incroyables clichés sur notre site (189 vues).
Il s’agit également d’un nouveau fonds qui nous provient d’un collectionneur américain officiant à l’Université de Pennsylvanie (présentation à venir).
93 vues à découvrir sur la Stéréothèque !
Fonds Heude
Fonds Magendie
77 vues supplémentaires et en couleurs pour la plupart viennent rejoindre le fonds Heude !
Intarissable, le fonds Magendie ? Très probablement ! Ce sont 100 images supplémentaires qui viennent d’être mises en ligne (livraison 10, répertoire 09).
Coup d'oeil dans nos collections
Plongées thématiques dans nos collections
#12 – 𝙹𝚘𝚞𝚛𝚗é𝚎 𝚒𝚗𝚝𝚎𝚛𝚗𝚊𝚝𝚒𝚘𝚗𝚊𝚕𝚎 𝚍𝚎𝚜 𝚍𝚛𝚘𝚒𝚝𝚜 𝚍𝚎𝚜 𝚏𝚎𝚖𝚖𝚎𝚜
Pour ce 8 mars 2024, nous avions choisi de mettre en valeur des métiers de nos collections. Entre Bretagne, Auvergne et Pas-de-Calais entre les années 1860 et 1930, des fileuses, tisserandes, brodeuses, dentellières.
Ce sont aussi des métiers importants et nécessaires, qui font d’elles des maillons clés du travail des hommes, elles raccommodent les filets de pêche, fabriquent les habits, et gagnent petit à petit la place qu’elles méritent dans la société.
Si les métiers liés à l’artisanat du textile ont de tout temps été liés aux femmes, l’imaginaire en a été également fortement impacté. De coton, de lin ou de chanvre, les légendes des tisserandes du destin abondent dans les grandes mythologies. Qu’elles soient maîtresses de la vie et de la mort comme les Parques, les Moires ou les Nornes, dentellières et fileuses de nuit, les femmes tissent le destin des hommes, annoncent la fortune ou les tourments. Les métaphores très imagées du tissage des histoires ou de l’Histoire sont nombreuses, souvent dans l’ombre, à la pointe de leurs fuseaux parfois maléfiques si elles sont jugées sorcières. Avec elles se perpétue la trame des siècles.
Re-Vue
Prises de vue passé-présent
Re-Vue #15
Aujourd’hui, nous sommes à Paris au tournant du 20e siècle ! Prise depuis le pont de la Concorde, cette vue tirée de la collection Bidault est éditée par la Société industrielle de photographie.
Les calèches ont plutôt changé, le reste moins, vous ne trouvez pas ?
Collection Bidault
Re-Vue #16
Aujourd’hui nous sommes face à la porte Picois qui se situe place de l’Hôtel de ville, dans le centre marchand de la ville de Loches. Cette porte fût bâtie au 15e siècle comme les autres portes de l’enceinte de la ville. Le temps passe mais les façades restent, permettant de comparer l’évolution de cet espace en plein centre-ville.
Collection Wiedemann
Dans les coulisses du Clem
De l’autre côté de l’écran
#17
Récemment, un stéréoscope a rejoint notre collection ! Grâce au généreux don de M. Chavaudray nous avons désormais un Vérascope 40 qui vient trouver sa place dans les bureaux du Clem !
Ce stéréoscope breveté en 1939 par la société Jules Richard a la particularité d’avoir son verre dépoli à la partie supérieure et non au dos. Cela fait que l’on doit chercher à s’éclairer au-dessus et non en face de soi, comme on a l’habitude de le faire avec les stéréoscopes ordinaires.
Bienvenue à lui !
Nous collectons, numérisons, décrivons et valorisons les images stéréoscopiques.
N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations !
Image du mois #71 |Mars
Pour démarrer ce mois de Mars, c’est moi, Pierre, ex-stagiaire et nouvel employé au Clem qui ai choisi l’image du mois !
Et pour rester en lien avec mon parcours audiovisuel j’ai voulu choisir une image représentant un instant de photographie.
Vous voyez donc une mise en scène parodique. Reprenant les codes de celles auxquelles Furne (seul d’abord, puis en association avec Tournier) se livrait à la fin des années 1850. La nudité candide de l’opérateur n’est, bien entendu, guère conforme à la réalité des opérations photographiques dans l’atelier…
Collection Calvelo
n° d’inventaire : CAL269
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Les Nouvelles du Stéréopôle | Février
Les Nouvelles du Stéréopôle
Les actus
Les projets évoluent autour de nos collections !
En 2024, notre newsletter évolue !
Comme nous l’avions évoqué le mois dernier, afin de faciliter l’usage et la visibilité du Stéréopôle et de tendre à une réduction de notre impact écologique selon le Guide d’orientation et d’inspiration pour la transition écologique de la culture publié par le Ministère de la Culture, Les Nouvelles du Stéréopôle seront désormais accessibles directement sur le Stéréopôle dans la rubrique « Les actus ».
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En février, c’était la Chandeleur !
À l’origine, la fête chrétienne de la Chandeleur vient remplacer la fête celte d’Imbolc et d’autres célébrations marquant le début de l’année, c’est-à-dire la fin de l’hiver et de la période sombre. On allume alors des lumières, des chandelles, pour symboliser le retour vers la lumière. Cette célébration est conservée pour les processions rituelles ayant lieu 40 jours après Noël et marquant l’entrée de Jésus au Temple.
La crêpe, elle, vient symboliser le retour de la prospérité pour les familles et en particulier celles des agriculteurs. On en prépare en abondance pour que la saison à venir le soit également.
En parallèle, cette partie de billard chinois sous les chandelles (agrémentées d’un montage numérique) des lustres des années 1860 vient accompagner ce moment de fête. Editée par Alexis Gaudin, il s’agit d’une scène de genre ayant eu un grand succès commercial puisque l’on en trouve plusieurs variantes.
Collection Calvelo
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L'image du mois
Tous les mois, une photographie stéréoscopique mise en valeur |
ɪᴍᴀɢᴇ ᴅᴜ ᴍᴏɪs #70 | Février
C’est bientôt Mardi Gras et donc bientôt la saison des Carnavals !
Ce cliché en anaglyphe présente un groupe de huit enfants qui se déplace au son de la musique (tambour, flûte), pour le mardi gras (comme indiqué dans le titre de la photo). L’un des jeunes gens porte le drapeau tricolore. La plupart de ces jeunes sont costumés et ont des sabots aux pieds. Celui de gauche semble porter des décorations sur sa veste et tient peut-être une épée. Le meneur de l’équipe tient dans sa main un bâton. Ces enfants doivent quémander quelques friandises auprès des habitants !
La maison que les enfants longent sur la gauche de la photo est celle de la belle famille du photographe, Théodore Guitard du Marès, lieu où il venait souvent et dont il a laissé plusieurs clichés (maison, scènes de famille). Nous sommes précisément à Saint-Félix-de-Foncaude à proximité de Langon, en Gironde.
Cliquer sur l’image pour l’afficher sur le Stéréopôle
La Une du mois
Tous les mois, un article à la Une du Stéréopôle
Ce mois-ci, nous publions le texte d’un nouveau contributeur, Roland Patin, qui s’est penché sur une vue de Nice représentant la place Masséna.
À travers une analyse et une recherche détaillées, il est parvenu à la dater et l’identifier très précisément. Retrouvez son enquête sur le Stéréopôle !
Lire l’article sur le Stéréopôle en cliquant sur l’image
Perspectives
Points de vue en stéréo
[Perspectives] #5
La stéréoscopie induisant un travail sur la profondeur, nombreuses sont les vues présentant une perspective à un point de fuite. Ces dernières mettent notamment en valeur des chemins, des ouvrages d’art et des galeries.
Nous sommes ici dans les Landes au début du 20e siècle, sur un chemin de forêt, sans plus d’informations !
Collection Gaultier
Cliquer sur l’image pour l’afficher sur La Stéréothèque
Visages
Portraits de nos collections
Visages #12
Dans la série Visages, une nouvelle photographie énigmatique tirée de la collection de la Maison de la photographie de Saint Bonnet de Mure. Une jeune femme occupée à écrire sur une terrasse.
Collection Maison de la Photographie
Dans les coulisses du Clem
Dans la bibliothèque du Clem
De l’autre côté de l’écran
Nos livres de chevet
#16
Comment numérisons-nous ? En ce qui concerne les vues illuminées, dites aussi « surprises » ou « tissues » qui sont peintes à la main à l’arrière, il s’agit plutôt de photographie !
Placées sur une table lumineuse, nous les photographions en haute définition et traitons les vues sur des logiciels d’images. Ainsi, vous pouvez avoir accès à la vue numérisée, son verso et la vue illuminée sur la Stéréothèque (icônes à droite de la vue quand c’est le cas) !
Dernièrement, nous avons pris en photo les vues de la collection Durand !
#14
Connaissez-vous la série « 3D Explorateur » ? Publiée chez Hachette dans les années 2000, elle comprend une dizaine de titres traitant de l’histoire et des grandes civilisations en général.
Au croisement des missions du Clem, l’exemplaire sur les Romains en anaglyphe nous a ravit ! Ce livre appartient à notre médiatrice Chloé Bernard, dont la vocation était tracée !
Nous collectons, numérisons, décrivons et valorisons les images stéréoscopiques.
N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations !
Nice, la place Masséna
Pour ce mois de février, nous mettons à la Une la recherche de M. Roland Patin à propos d’une vue stéréoscopique représentant la place Masséna à Nice sur laquelle nous n’avions aucune information avant son intervention.
Ces photographies stéréoscopiques dont l’auteur, le titre et la date ne sont pas précisés, offrent manifestement des vues de la place Masséna de Nice (Alpes-Maritimes).
Ces photographies est-ouest, prises depuis l’étage d’un bâtiment bordant la place Charles-Albert, montrent successivement une partie de cette place, le Pont-Neuf enjambant le Paillon, l’extrémité des quais Masséna (à gauche de l’image) et Saint-Jean-Baptiste (à droite), la majeure partie de la place Masséna et enfin la perspective de l’avenue menant à la Gare de chemin de fer.
Suite à la construction du Pont-Saint-Charles ou Pont-Neuf (1820-1824) destiné à mieux relier la vieille ville à ses faubourgs, la place Masséna ne s’est que très progressivement dessinée sur le pourtour d’un ancien carrefour, de 1840 à 1868.
Si les bâtiments nord de la place Masséna ne sont pas visibles sur les vues étudiées, la présence, de chaque côté du Pont-Neuf, de petites arcatures aveugles ayant renforcé l’extrémité du quai Masséna (fin 1863) puis celle du quai Saint-Jean-Baptiste (fin 1867), implique au plus tôt la fin des années 1860.
Quelques éléments du quai Masséna viennent confirmer cette hypothèse, comme le développement du grand eucalyptus (planté au printemps 1866), le nouveau parapet en fonte (changé en octobre 1868) ou encore le nouveau kiosque à journaux de plan octogonal (installé en 1869).
Sur la place elle-même, les pancartes publicitaires, installées sur le bâtiment sud-ouest, permettent également de resserrer la date des photographies. Au-dessus des grandes arcades du Café de la Victoire peuvent se lire (de gauche à droite) les inscriptions, « Glacier », « Café De La Victoire » et « Restaurant – Français ». Sous les fenêtres de l’avant-dernier niveau, ce sont « E. Preterre – American Dentist » puis « Appnts Meublé (sic) ».
Or ces pancartes n’ont pas cessé d’être renouvelées, repeintes, remplacées ou déplacées :
- celle du Café de la Victoire s’est substituée, en 1869 ou 1870, à une pancarte semblable, mais à fond clair, datant de l’ouverture du Café (vers 1861 ou 1862 – seule celle à fond clair du Restaurant Français subsistant de cette époque) ;
- celle annonçant la location d’Appartements meublés n’a pour sa part été installée que vers 1870 ou 1871 ;
- celle du Dentiste Préterre, positionnée sous deux fenêtres, a remplacé en 1872 une pancarte semblable qui s’allongeait sous trois fenêtres (attestée dès 1868 mais datant probablement de l’installation du Cabinet en 1865) ;
- enfin, celle de « Glacier » s’est substituée fin 1872 à une pancarte récente qui portait le nom d’un gérant du Café de la Victoire, « Ombry » (installée au printemps 1872).
La date de 1872, au plus tôt, semble donc envisageable. L’avenue qui mène à la Gare apparaît d’ailleurs bordée d’arbres qui n’ont été plantés qu’au printemps 1871 et, près des bâtiments sud de la place Masséna, se devinent deux réverbères qui n’ont été installés qu’en novembre 1872.
La vue est très animée avec, notamment, la présence de nombreux piétons traversant le Pont-Neuf et de nombreuses voitures de place rangées des deux côtés des bâtiments de la place Masséna ou empruntant l’avenue de la Gare.
La présence d’une telle foule, rare sur d’autres vues des mêmes lieux, peut faire penser à un samedi ou à un dimanche. Malgré la forte lumière de fin de matinée (ombres portées), les passants n’apparaissent pas vêtus d’une tenue d’été.
Cette foule évoque surtout ces fameuses « vues instantanées » qui ne réduisent pas les éléments en mouvement à des silhouettes fantomatiques (flou de bougé). Les premières vues connues de ce type montrant la place Masséna depuis la place Saint-Charles datent de 1870, réalisées par le photographe parisien F. Blanc et diffusées par L. Lachenal, L. Favre et Cie (vues stéréoscopiques sur verre) et les vues suivantes datent de 1873, réalisées par le photographe, implanté à Nice, Jean Walburg de Bray (1839-1901) (vues stéréoscopiques sur papier).
C’est probablement à Jean Walburg de Bray et à la date de 1873 qu’il faut attribuer les vues stéréoscopiques étudiées, d’autant qu’une immense pancarte à fond sombre du « Restaurant Français » va venir remplacer, au-dessus du Café de la Victoire celles du Dentiste Préterre et des Appartements meublés, dès 1874.
Roland Patin
N.B. : Les dates évoquées proviennent de sources différentes (plans, registres de voirie, annuaires, recensements, journaux) mais également de la confrontation avec toutes les images connues des lieux entre 1855 et 1880.
Pour en savoir plus, voir : « Histoire et Représentations de la place Masséna de Nice » (ArtPlastoc).
Image du mois #70 | Février
C’est bientôt Mardi Gras et donc bientôt la saison des Carnavals !
Ce cliché en anaglyphe présente un groupe de huit enfants qui se déplace au son de la musique (tambour, flûte), pour le mardi gras (comme indiqué dans le titre de la photo). L’un des jeunes gens porte le drapeau tricolore. La plupart de ces jeunes sont costumés et ont des sabots aux pieds. Celui de gauche semble porter des décorations sur sa veste et tient peut-être une épée. Le meneur de l’équipe tient dans sa main un bâton. Ces enfants doivent quémander quelques friandises auprès des habitants !
La maison que les enfants longent sur la gauche de la photo est celle de la belle famille du photographe, Théodore Guitard du Marès, lieu où il venait souvent et dont il a laissé plusieurs clichés (maison, scènes de famille). Nous sommes précisément à Saint-Félix-de-Foncaude à proximité de Langon, en Gironde.
Les Nouvelles du Stéréopôle | Janvier
Les Nouvelles du Stéréopôle
Les actus
Les projets évoluent autour de nos collections !
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Voeux du Clem et image du mois
Cette vue est tirée du fonds Heude et se situe dans le parc de Saint-Cloud, en 1942. Pour voir l’article, cliquer sur l’image.
La Une du mois
Tous les mois, un article à la Une du Stéréopôle
Nous sommes en janvier, c’est le mois des étrennes !
D’origine romaine, les étrennes sont synonymes de bon présage et d’un présent – une offrande – faite pour souhaiter bonne fortune. Devenues un cadeau rituel pour la nouvelle année, la tradition traverse les siècles entre Noël et les premiers jours de l’année.
Au XIXe siècle, les journaux regorgent de suggestions de présents, et la stéréoscopie en fait bien entendu partie ! Par exemple, ce numéro du Tintamarre de janvier 1860 (…)
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Re-Vue
Points de vue en stéréo
Re-Vue #14
Portant le nom usuel de « Maison du moulin », « Vieux moulin », le bâtiment est en réalité un poste de guet ou eschif (dit de Creyssac). Construit en 1347 sur les remparts de la cité médiévale, il permet alors la surveillance et la défense du pont de Tournepiche.
Lors de la destruction des remparts en 1860, l’eschif est conservé puis inscrit en 1929 au titre des Monuments historiques sous le nom de « moulin Saint-Front » bien qu’il n’ait rien à avoir avec un moulin. La correction est faite plus tard mais le nom reste.
Aujourd’hui restauré, l’eschif est constitué de pans de bois, de torchis, et semble tenir en équilibre sur un pan de mur. Ce sont en réalité ses jambes de force qui le maintiennent des deux côtés. Au Moyen Âge, il était juché sur le rempart.
Et vous, que diriez-vous de réaliser des Re-Vue à partir de nos fonds ?
Le principe de la série Re-Vue : prendre en photo le même point de vue, le plus exactement si possible, d’une photographie stéréo ! Cette série est en particulier tournée vers vous, puisque vous pouvez vous emparer des fonds sur la Stéréothèque et re-prendre une même photo. Puis, nous l’envoyer ou faire le montage vous-même si vous le souhaitez ! Le but est de faire vivre nos fonds et de comparer l’évolution des lieux.
Nous collectons, numérisons, décrivons et valorisons les images stéréoscopiques.
N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations !
Image du mois #69 | Janvier
Cette vue est tirée du fonds Heude et se situe dans le parc de Saint-Cloud, en 1942.
Les étrennes stéréoscopiques
Nous sommes en janvier, c’est le mois des étrennes !
D’origine romaine, les étrennes sont synonymes de bon présage et d’un présent – une offrande – faite pour souhaiter bonne fortune. Devenues un cadeau rituel pour la nouvelle année, la tradition traverse les siècles entre Noël et les premiers jours de l’année.
Au XIXe siècle, les journaux regorgent de suggestions de présents, et la stéréoscopie en fait bien entendu partie ! Par exemple, ce numéro du Tintamarre de janvier 1860 :
C’est dans le journal La Lumière – racheté en 1852 par Alexis Gaudin, éditeur stéréoscopique – qu’on retrouve le plus de suggestions élogieuses quant au choix d’un tel cadeau pour les étrennes :
ÉTRENNES PHOTOGRAPHIQUES
L’approche de la nouvelle année ramène pour nous tous tant que nous sommes, grands ou petits, riches ou pauvres, pères de famille ou célibataires — célibataires surtout — une grave préoccupation : celle des ÉTRENNES ! Il y a dans ce seul mot plusieurs problèmes à résoudre :
1° Offrir le plus beau présent possible en dépensant le moins qu’on puisse ;
2° Choisir un cadeau qui plaise, tout en tenant compte de l’âge, du sexe et de la situation sociale de la personne à qui on l’offre ;
3° Faire preuve de goût et d’attention en choisissant autre chose que ce qui se donne vulgairement : bonbons en cornets, en boîtes, en paniers, sous enveloppes, etc., etc. ;
4° Se conformer aux convenances qui défendent, à moins d’une intimité reconnue, d’offrir aucun objet ayant une valeur intrinsèque trop peu déguisée, comme si tout cadeau, quel qu’il soit, ne représentait pas un nombre plus ou moins grand de pièces de cent sous, de napoléons ou de billets de banque.
Il y aurait un moyen bien simple de se conformer aux exigences de l’usage, en résolvant à la fois tous les problèmes ci-dessus posés, et c’est surtout à la Lumière qu’il appartient de le recommander ; car ce moyen, c’est à la photographie que nous le devons.
Il s’agit tout uniment de substituer aux objets que l’on est convenu de consacrer aux étrennes, un stéréoscope et une collection plus ou moins nombreuse d’épreuves stéréoscopiques.
L’avantage d’un pareil système n’est pas difficile à prouver, surtout à des lecteurs comme ceux de la Lumière.
Nous avons dit qu’on y trouvait la solution de tous les problèmes énumérés plus haut.
En effet :
On peut, pour le prix que coûtent deux livres de marrons glacés, se procurer un stéréoscope et douze épreuves. C’est moins classique, mais c’est plus amusant, et cela dure davantage.
Rien n’empêche, bien entendu, de dépenser beaucoup plus, en augmentant indéfiniment le nombre des épreuves.
C’est un cadeau que les susceptibilités les plus délicates n’auront aucun scrupule d’accepter, les productions artistiques n’ayant pas de prix.
C’est nouveau, c’est intelligent, et cela nécessite dans le choix des sujets un discernement qui ne peut manquer d’être très-favorablèment remarqué.
Et pourtant, disons-le tout bas, combien ce choix est rendu facile par la variété des oeuvres charmantes publiées par nos laborieux artistes, et que vous trouverez toutes réunies au bureau du journal,—non pas avenue dé Saint-Cloud, dans l’humble maisonnette du rédacteur en chef, mais dans le palais de la rue de la Perle.
Déjà, nous avons vu se presser, dans ces galeries du stéréoscope, la foule des donneurs d’étrennes, et par le genre des collections qu’ils choisissaient, il nous était aisé de deviner à quelles personnes on les destinait.
Les uns faisaient main basse sur les vues de Suisse, d’Italie, d’Espagne ou de Hollande.—Ils ne laissaient de côté ni un chalet, ni un campanile, ni une posada, ni un moulin.—Ceux-là évidemment cherchaient à rappeler des souvenirs de voyage. D’autres élaguaient de ces trésors photographiques tout ce qui n’était pas reproduction de monuments ou d’oeuvres d’art. —Ceux-là préparaient certainement une agréable surprise à un artiste ami. Le plus grand nombre s’emparaient des sujets comiques, si spirituellement composés par le Gavarni du stéréoscope, et riaient d’avance de l’hilarité gauloise que ces charges amusantes allaient provoquer.
Enfin, il en était — et ce n’étaient pas les moins nombreux, — qui, après avoir choisi avec soin parmi les gracieux sujets que renferme la série des scènes de moeurs, romans animés dont chaque chapitre est un intéressant tableau, finissaient par prendre la collection tout entière. — Ces derniers, à coup sûr, destinaient à de beaux yeux la lecture attrayante de ces pages tracées par le blond Phébus.
Un avantage positif de ce genre de cadeaux sur les étrennes futiles , c’est que, destinés parfois à une seule personne, ils sont appelés à charmer pendant de longues soirées toute la procession de visiteurs. Que de fois même on leur devra le moyen de ranimer et souvent d’éviter des conversations languissantes !