L'univers des images stéréoscopiques
Les projets évoluent autour de nos collections !
Fin mai ont eu lieu les oraux finaux des chefs-d’œuvre des lycéens du Lycée des Métiers d’Art Toulouse-Lautrec ! C’est ainsi que se conclue une formidable collaboration longue de deux ans et qui aura permis de voir émerger des projets riches en créativité profitant au Stéréopôle, au Clem en général et à la formation des étudiants.
C’est grâce à leur travail que nous avons obtenu une superbe affiche pour l’évènement de l’année dernière, des photos de Bordeaux en anaglyphe ou le salon 19e visible lors de l’exposition. Cette année, ils nous auront épaté avec un travail irréprochable de conception de logo et de charte graphique que nous avons hâte de vous dévoiler et qui donnera un autre visage à nos projets !
Merci à l’ensemble des lycéens et des professeurs des différentes filières qui nous ont aidé sur ces deux années : Communication visuelle Plurimédia, Marchandisage visuel, Photographie et Tapisserie d’ameublement. Un grand merci à Véronique Tiers, Géraldine Mertz, Stéphane Pezzetti et Richard Barrat ! Bravo aux étudiants lauréats et nous vous souhaitons à tous le meilleur pour vos projets !
À l’occasion du passage de la flamme olympique à Bordeaux, nous vous propositions une plongée dans nos collections.
Il y 118 ans on organisait les jeux intercalaires qui se sont déroulés au Stade panathénaïque d’Athènes.
Les Jeux olympiques intercalaires de 1906, baptisés « Jeux de la décennie », sont une compétition multisports organisés par la Grèce pour célébrer le dixième anniversaire de la rénovation des Jeux olympiques, cet évènement sportif fut un grand succès mais n’est pas reconnu par le CIO en tant que Jeux Olympiques officiels.
En attendant, nos jeux actuels sont bel et bien reconnu par le CIO et ils auront lieu dans moins de deux mois !
Collection Magendie
Le 21 juin c’est le Stéréoscopy Day ! L’occasion pour nous de faire un petit tutoriel sur la manière la plus simple de prendre des vues stéréoscopiques avec ce que l’on a tous dans notre poche : un smartphone !
Tous les mois, une photographie stéréoscopique mise en valeur |
ɪᴍᴀɢᴇ ᴅᴜ ᴍᴏɪs #74 | Juin
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Tous les mois, un article à la Une du Stéréopôle
Pour cette une du mois de juin nous continuons à parler des vues stéréoscopiques inspirées des fables de La Fontaine, cette fois-ci nous nous intéressons à La lice et sa compagne, L’ours et les deux compagnons et L’astrologue qui se laisse tomber dans un puits.
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Visiter le monde en stéréo
#3
L’objectif de cette série est de vous faire voyager à travers les différents pays visibles sur la Stéréothèque : presque une centaine de pays accessible sur notre site !
Pour ce troisième numéro, nous sommes aux États-Unis !
Nous partageons ce pays en deux publications, côte Est puis côte Ouest. C’est donc par la côte Est que nous commençons, riche des paysages de Floride et comprenant également la beauté architecturale des grandes villes comme New-York.
Nombreuses sont les vues américaines à retrouver sur la Stéréothèque, la technique de la photographie stéréoscopique s’étant exporté dès le 19e sur le continent.
Points de vue en stéréo
[Perspectives] #7
La stéréoscopie induisant un travail sur la profondeur, nombreuses sont les vues présentant une perspective à un point de fuite. Ces dernières mettent notamment en valeur des chemins, des ouvrages d’art et des galeries.
Nous sommes ici dans la galerie dite Telescope de Crystal Palace vers 1854, cette galerie entoure l’entièreté du bâtiment Londonien et est la plus haute sous le toit. Comme vous le voyez, elle se distingue par ses poutres circulaires qui créent une perspective formidable.
Collection Calvelo
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Aujourd’hui on se retrouve avec les magnifiques expériences de Pierre-Henri Armand Lefort dans le cadre de ce que l’on appellera le stéréoscope des enfants. Ces lithographies aquarellées n’étaient pas pensées pour être vus en anaglyphe mais nous avons nous aussi voulu faire des expériences !
Difficile à dater, on estime cependant que cette série a vu le jour dans les années 1850 et a permis de forger la réputation de Lefort qui deviendra un des plus inventifs créateurs de vue stéréoscopique !
Pour profiter de ce post, n’oubliez pas d’enfiler vos plus belles lunettes anaglyphes
Aujourd’hui nous sommes à Dublin devant la Custom House, bâtiment néoclassique du XVIIe siècle qui abrite désormais le ministère du Logement, du Gouvernement local et du Patrimoine.
Cette re-vue repose sur une photographie collée sur carton éditée par Lawrence William et diffusé par M.Stephens. Lawrence produit des vues stéréoscopiques entre 1870 et 1914 !
Collection Wiedemann
Toutes les infos sur les différents événements du Stereoscopy Day sur le site dédié et inscriptions en cliquant sur l’image.
Coup de projecteur sur un évènement organisé ce dimanche par le Stéréo-Club Français ! Rendez-vous à 14h au cinéma de Barbotan pour des projections stéréoscopiques et une journée découverte de l’image en relief !
Partie 2 de cette une consacrée aux représentations des fables dans les vues stéréoscopiques faisant parties de nos collections !
Pour ce deuxième épisode des fables de la Fontaine nous commençons avec « La Lice et sa compagne » qui est la septième fable du livre II de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668.
Une Lice étant sur son terme,
Et ne sachant ou mettre un fardeau si pressant,
Fait si bien qu’à la fin sa Compagne consent
De lui prêter sa hutte, où la Lice s’enferme.
Au bout de quelque temps sa Compagne revient.
La Lice lui demande encore une quinzaine ;
Ses petits ne marchaient, disait-elle, qu’à peine.
Pour faire court, elle l’obtient.
Ce second terme échu, l’autre lui redemande
Sa maison, sa chambre, son lit.
La Lice cette fois montre les dents, et dit :
« Je suis prête à sortir avec toute ma bande,
Si vous pouvez nous mettre hors. «
Ses enfants étaient déjà forts.
Ce qu’on donne aux méchants, toujours on le regrette.
Pour tirer d’eux ce qu’on leur prête,
Il faut que l’on en vienne aux coups ;
Il faut plaider, il faut combattre.
Laissez-leur prendre un pied chez vous,
Ils en auront bientôt pris quatre.
La fable « La Lice et sa Compagne » de Jean de La Fontaine raconte l’histoire de deux chiennes. L’une, enceinte et proche de mettre bas, demande à l’autre de lui prêter son terrier pour accoucher. La compagne accepte, mais lorsque vient le moment de récupérer son terrier, la lice refuse de partir, arguant que ses petits ont encore besoin de protection.
« La Lice et sa Compagne » fait référence à la prudence qu’il faut avoir lorsqu’on prête quelque chose ou qu’on rend service, particulièrement quand il s’agit de biens précieux ou importants. La fable illustre le risque que certaines personnes abusent de la gentillesse et de la confiance qu’on leur accorde, en ne respectant pas les termes de l’accord initial et en profitant indûment de la situation. Pour cette vue stéréoscopique, Furne et Tournier ont mis de côté l’anthropomorphisme des fables de la Fontaine pour choisir de représenter cette histoire de façon très réaliste avec une mère et ses enfants.
Pour continuer ce deuxième article du mois sur les Fable de La Fontaine penchons nous sur « L’ours et les deux compagnons » Livre V Fable 20 Livre V, fable 20
Deux Compagnons pressés d’argent À leur voisin Fourreur vendirent La peau d’un Ours encor vivant ; Mais qu’ils tueraient bientôt, du moins à ce qu’ils dirent. C’était le Roi des Ours, au conte de ces gens. Le Marchand à sa peau devait faire fortune : Elle garantirait des froids les plus cuisants ; On en pourrait fourrer plutôt deux robes qu’une.
Dindenaut prisait moins ses Moutons qu’eux leur Ours : Leur, à leur compte, et non à celui de la Bête. S’offrant de la livrer au plus tard dans deux jours, Ils conviennent de prix, et se mettent en quête ; Trouvent l’Ours qui s’avance, et vient vers eux au trot. Voilà mes Gens frappés comme d’un coup de foudre. Le marché ne tint pas ; il fallut le résoudre : D’intérêts contre l’Ours, on n’en dit pas un mot. L’un des deux Compagnons grimpe au faîte d’un arbre. L’autre, plus froid que n’est un marbre, Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent ,
Ayant quelque part ouï dire Que l’Ours s’acharne peu souvent Sur un corps qui ne vit, ne meut, ni ne respire. Seigneur Ours, comme un sot, donna dans ce panneau. Il voit ce corps gisant, le croit privé de vie, Et de peur de supercherie Le tourne, le retourne, approche son museau, Flaire aux passages de l’haleine. C’est, dit-il, un cadavre : ôtons-nous, car il sent. A ces mots, l’Ours s’en va dans la forêt prochaine. L’un de nos deux Marchands de son arbre descend ; Court à son Compagnon, lui dit que c’est merveille Qu’il n’ait eu seulement que la peur pour tout mal. Et bien, ajouta-t-il, la peau de l’Animal ? Mais que t’a-t-il dit à l’oreille ? Car il s’approchait de bien près, Te retournant avec sa serre. Il m’a dit qu’il ne faut jamais Vendre la peau de l’Ours avant qu’on ne l’ait mis par terre.
Deux compagnons vendent la peau d’un ours encore vivant à un marchand fourreur. Ils prétendent qu’ils le tueront bientôt. Cependant, lorsqu’ils rencontrent l’ours, ils sont terrifiés et ne parviennent pas à le tuer. L’un feint d’être mort, tandis que l’autre grimpe dans un arbre.
Tout le monde connaît l’expression ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. La fable « L’Ours et les deux Compagnons » de Jean de La Fontaine illustre parfaitement cette sagesse : deux hommes vendent la peau d’un ours encore vivant, mais se retrouvent dans une situation périlleuse lorsqu’ils rencontrent l’animal.
Hélas nous approchons de la fin de la série de » La représentions des Fables dans les vues stéréoscopiques » pour ce dernier article voyons ensemble « L’astrologue qui se laisse tomber dans un puits » qui est la treizième Fable du Livre II de 1668
Un Astrologue un jour se laissa choir Au fond d’un puits. On lui dit : Pauvre bête, Tandis qu’à peine à tes pieds tu peux voir, Penses-tu lire au-dessus de ta tête ? Cette aventure en soi, sans aller plus avant, Peut servir de leçon à la plupart des hommes. Parmi ce que de gens sur la terre nous sommes, Il en est peu qui fort souvent Ne se plaisent d’entendre dire Qu’au Livre du Destin les mortels peuvent lire.
Mais ce Livre qu’Homère et les siens ont chanté, Qu’est-ce, que le hasard parmi l’Antiquité, Et parmi nous la Providence ? Or du hasard il n’est point de science: S’il en était, on aurait tort De l’appeler hasard, ni fortune, ni sort, Toutes choses très incertaines. Quant aux volontés souveraines De celui qui fait tout, et rien qu’avec dessein, Qui les sait, que lui seul ? Comment lire en son sein ? Aurait-il imprimé sur le front des étoiles Ce que la nuit des temps enferme dans ses voiles ? A quelle utilité ? Pour exercer l’esprit De ceux qui de la sphère et du globe ont écrit ? Pour nous faire éviter des maux inévitables ? Nous rendre dans les biens de plaisir incapables ? Et causant du dégoût pour ces biens prévenus, Les convertir en maux devant qu’ils soient venus?
C’est erreur, ou plutôt c’est crime de le croire. Le firmament se meut ; les astres font leur cours, Le soleil nous luit tous les jours, Tous les jours sa clarté succède à l’ombre noire, Sans que nous en puissions autre chose inférer Que la nécessité de luire et d’éclairer, D’amener les saisons, de mûrir les semences, De verser sur les corps certaines influences. Du reste, en quoi répond au sort toujours divers Ce train toujours égal dont marche l’univers ? Charlatans, faiseurs d’horoscope, Quittez les Cours des Princes de l’Europe ; Emmenez avec vous les souffleurs tout d’un temps. Vous ne méritez pas plus de foi que ces gens. Je m’emporte un peu trop ; revenons à l’histoire De ce Spéculateur qui fut contraint de boire. Outre la vanité de son art mensonger, C’est l’image de ceux qui bâillent aux chimères Cependant qu’ils sont en danger, Soit pour eux, soit pour leurs affaires
La fable en tant que telle est assez brève et laisse rapidement place à une profonde réflexion de l’auteur. Au XVIIe siècle, l’astrologie passionnait les esprits. Le terme “charlatans” évoque peut-être la médecine basée sur les partisans de la considération du corps humain comme une réduction de l’univers ou de ses diverses parties. Les “faiseurs d’horoscope” avaient même dressé l’horoscope de Louis XIV à sa naissance. Le “souffleur” est quant à lui à la recherche de la pierre philosophale, cette substance qui transmute les métaux en or. La Fontaine critique l’astrologie (et non l’astronomie), interroge la place que l’homme se donne par rapport à Dieu et sépare les lois qui régissent l’Univers de ce qui peut arriver aux hommes.
L’image est une stéréographie sépia représentant une scène avec quatre personnages. À gauche, on voit un individu vêtu d’une tenue qui semble être celle d’un astrologue traditionnel, avec une longue robe et un chapeau pointu, regardant à travers un télescope pointé vers le ciel. Ce personnage a fait tomber ou renversé des livres qui sont maintenant éparpillés par terre. À sa droite, trois enfants observent la scène, cette image est intéressante car elle capture un moment ironique où un astrologue, probablement absorbé par l’étude des étoiles, a négligé son environnement immédiat, entraînant la chute des livres. La présence des enfants suggère qu’ils pourraient trouver cela amusant ou curieux. La morale de cette histoire : Ne regarde pas trop haut, ou tu risques de perdre pied. La vraie sagesse se trouve souvent juste sous nos yeux !
Et voila nous avons termine sur la série , les Fables de La Fontaine sont un trésor littéraire, et j’espère que vous avez apprécié cette série autant que nous, c’est un chef d’œuvre littéraire tout comme sa série stéréo
Léopold Martin
Les projets évoluent autour de nos collections !
La fête du travail est l’occasion de mettre en avant quelques photographies stéréoscopiques de travailleurs et travailleuses. Qu’ils soient encore d’actualité ou désuets pour notre société moderne, nombreux sont les métiers immortalisés et trouvables sur la Stéréothèque, des ingénieurs aux lavandières en passant par les poseurs de pavés !
Dans l’ordre (cliquer sur le lien pour l’afficher sur la Stéréothèque) :
MAI0011 Collection Larrieu
MAG5662 Collection Magendie
MRT043 Collection Marty
Paris Libéré ! Le 25 août 1944, un moment historique se déroule : la libération de Paris. Le général de Gaulle, avec ses mots puissants, rend hommage aux courageux français et aux forces de la Résistance !
Cette photographie capturée juste après la libération montre l’esprit de l’époque.
À gauche, une Peugeot VLV, symbole d’ingéniosité. Alors que l’essence étant rationnée, plusieurs constructeurs français ont essayé de produire des voitures électriques au début de la 2ème guerre mondiale.
Produite de 1941 à 1943, ce minuscule cabriolet pouvait transporter 2 personnes à une vitesse maximale de 36 km/h, avec une autonomie de 80 km environ. Pour l’alléger au maximum afin de compenser le poids des batteries (abritées sous le capot avant), la caisse est minimaliste : les portières sont minuscules et il faut replier la partie avant de la capote pour arriver à se glisser dans l’habitacle.
Ces véhicules, témoins de l’histoire, rappellent l’innovation et la résilience des Français. Sacha Guitry lui-même en possédait un. C’est l’histoire de la liberté et du triomphe français qui défile sur les Champs-Élysées !
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Tous les mois, une photographie stéréoscopique mise en valeur
ɪᴍᴀɢᴇ ᴅᴜ ᴍᴏɪs #73 | Mai
Ce mois-ci nous avons décidé de mettre en avant une épreuve à mouvement !
Les épreuves à mouvement publiées par Furne et Tournier étaient des stéréogrammes très particuliers, pouvant simuler une certaine « animation » de l’image au moyen d’un appareil vendu par les deux cousins et qu’ils qualifiaient d’obturateur.
Il ne semble pas que cet accessoire ait été retrouvé ou identifié. Il est donc difficile de se faire aujourd’hui une idée de l’efficacité du dispositif. Les épreuves à mouvement, moins insaisissables que l’appareil qui permettait de les mettre en œuvre, restent cependant elles-mêmes assez rares.
La mise en scène que vous observez est un tout petit peu plus complexe que la plupart des autres puisqu’elle implique non pas un seul personnage dans deux postures différentes, mais deux figurants dans deux poses distinctes.
Collection Calvelo
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Tous les mois, un article à la Une du Stéréopôle
Entre 1857 et 1864, Charles-Paul Furne et Henri-Alexis-Omer Tournier ont collaboré pour produire près de 40 séries de vues stéréoscopiques, établissant ainsi leur réputation en tant que figures majeures de la production et de l’édition de cartes stéréoscopiques en France pendant l’apogée de cette technique. Leur partenariat a donné naissance à environ 7000 photographies, témoignant de leur dévouement à capturer et à partager des moments de la vie quotidienne ainsi que des scènes remarquables de leur époque.
Parmi ces réalisations remarquables figure une série dédiée à l’illustration des fables de La Fontaine. Ces vues, imprégnées de l’esprit de leur temps, offrent une plongée fascinante dans la société et les valeurs de l’époque. En effet, elles regorgent d’informations précieuses, nous permettant de découvrir non seulement les récits intemporels de La Fontaine, mais aussi les coutumes, les attitudes et les préoccupations de la société du XIXe siècle.
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Visiter le monde en stéréo
#2
L’objectif de cette série est de vous faire voyager à travers les différents pays visibles sur la Stéréothèque : presque une centaine de pays accessibles sur notre site !
Pour le deuxième numéro de cette série, nous sommes au Mexique !
Nous commençons avec une vue prise par Alfred Briquet. Un photographe qui est arrivé au Mexique en 1866, pour échapper, sans doute, aux conséquences pénales d’une banqueroute en France.
Les deux photographies stéréoscopiques suivantes ont toutes les deux été prises par le photographe James Jarvis en 1890.
N° d’inventaire :
CAL0238 ( collection Calvelo)
TST405, TST357 (collection Toussaint)
Cliquer sur les liens pour les afficher sur La Stéréothèque
Le 18 mai, c’était la 20e Nuit européenne des musées, l’occasion de replonger dans quelques unes des stéréos de musée qui font partie de la Stéréothèque !
Collections Dumail, Magendie, Toussaint, Wiedemann
C’était il y a un an déjà ! Notre événement Bordeaux Capitale de la stéréoscopie voyait le jour et comme nous vous l’avions évoqué, il s’agissait du premier !
Entre 1857 et 1864, Charles-Paul Furne et Henri-Alexis-Omer Tournier ont collaboré pour produire près de 40 séries de vues stéréoscopiques, établissant ainsi leur réputation en tant que figures majeures de la production et de l’édition de cartes stéréoscopiques en France pendant l’apogée de cette technique. Leur partenariat a donné naissance à environ 7000 photographies, témoignant de leur dévouement à capturer et à partager des moments de la vie quotidienne ainsi que des scènes remarquables de leur époque.
Parmi ces réalisations remarquables figure une série dédiée à l’illustration des fables de La Fontaine. Ces vues, imprégnées de l’esprit de leur temps, offrent une plongée fascinante dans la société et les valeurs de l’époque. En effet, elles regorgent d’informations précieuses, nous permettant de découvrir non seulement les récits intemporels de La Fontaine, mais aussi les coutumes, les attitudes et les préoccupations de la société du XIXe siècle.
Nous commençons avec Les Voleurs et l’Âne qui est la treizième fable du livre I de Jean de La Fontaine situé dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668.
Pour un Âne enlevé deux Voleurs se battaient :
L’un voulait le garder ; l’autre voulait le vendre.
Tandis que coups de poing trottaient,
Et que nos champions songeaient à se défendre,
Arrive un troisième Larron
Qui saisit Maître Aliboron.
L’Âne, c’est quelquefois une pauvre Province.
Les Voleurs sont tel ou tel Prince,
Comme le Transylvain, le Turc et le Hongrois.
Au lieu de deux j’en ai rencontré trois :
Il est assez de cette marchandise.
De nul d’eux n’est souvent la Province conquise :
Un quart Voleur survient, qui les accorde net
En se saisissant du Baudet.
Cette fable est à mettre en relation avec la complexité de la situation politique internationale dans les Balkans à cette époque
Il était question en 1661 que la Turquie déclare la guerre à l’Empire qui avait des prétentions sur la Hongrie et la Transylvanie.
La leçon de la fable est que la mésentente est toujours néfaste.
À force de rechercher la confrontation ou de vouloir s’imposer par la force, l’on peut tout perdre. Celui qui a gagné, c’est-à-dire maître Aliboron, n’est pas l’un des deux voleurs mais plutôt une personne étrangère au conflit, qui n’a fait que ramasser ce qui traînait, sans user de force.
C’est cet instant précis de la fable qui est illustré dans cette vue de Furne et Tournier avec la légende qui l’accompagne « Arrive un troisième larron qui saisit maître Aliboron ».
Continuons avec Le loup et le chien, cinquième fable du premier livre édité en 1668 :
Un Loup n’avait que les os et la peau ;
Tant les Chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eût fait volontiers.
Mais il fallait livrer bataille
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu’il admire.
Il ne tiendra qu’à vous, beau sire,
D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? Rien d’assuré, point de franche lippée.Tout à la pointe de l’épée.
Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.
Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?
Presque rien, dit le Chien : donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son maître complaire ;
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
……..Sans parler de mainte caresse.
Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant il vit le col du Chien, pelé :
Qu’est-ce là ? lui dit-il. Rien. Quoi ? rien ? Peu de chose.
Mais encor ? Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? Pas toujours, mais qu’importe ?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.
Cette fable animalière oppose deux animaux à la morphologie proche mais à la vie très différente : l’un est sauvage et l’autre est domestique. Cette confrontation permet à La Fontaine de présenter deux conditions : l’insécurité liée à la liberté et le confort lié à la servitude.
Cette fable fait par ailleurs directement référence au mécénat qui a permis à Jean De La Fontaine de vivre et de créer mais qui lui a parfois imposé la censure.
La Fontaine termine sur une image forte : la fuite du loup affirme mieux l’importance de la liberté que les meilleurs discours. Et pourtant la liberté du loup semble étrangement figée, sans issue.
Pour cette vue, les photographes ont mis de côté l’idée d’animaux antropomorphes mais ont bien sûr conservé cette notion de classe différente entre le sujet représentant « le chien » bien vêtu et indiquant la maison de son maître et celui symbolisant « le loup » habillé plus simplement et voulant se diriger vers la forêt.
Pour cette une du mois nous finissons avec Le renard et les raisins, onzième fable du livre III de Jean de La Fontaine. Cette fable est la plus courte écrite par le fabuliste.
Certain Renard Gascon, d’autres disent Normand,
Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille
Des raisins mûrs apparemment,
Et couverts d’une peau vermeille.
Le galant en eût fait volontiers un repas ;
Mais comme il n’y pouvait atteindre :
« Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. »
Fit-il pas mieux que de se plaindre ?
Dans une perspective psychanalytique elle illustre le déni comme réaction aux frustrations douloureuses issues des conflits entre nécessité, besoin ou désir, et de l’incapacité à les satisfaire.
Le renard finit par se convaincre qu’il ne mange pas les raisins non parce qu’ils sont hors de sa portée mais parce qu’ils sont trop verts.
Dans cette vue de Furne et Tournier, le Renard est représenté par un homme ne pouvant accéder aux « fruits trop vert » qui sont ici personnifiés par des jeunes filles, trop jeune donc pour le galant mais « bons pour des goujats ».
Les représentations de fables en photographie stéréoscopique sont nombreuses, outre la série de Furne et Tournier, on trouve d’autres photographe qui ont appliqué leur style pour s’essayer à l’exercice mais nous verrons cela lors de la suite de cette une, le mois prochain !
Bibliographie
Ce mois-ci nous avons décidé de mettre en avant une épreuve à mouvement !
Les épreuves à mouvement publiées par Furne et Tournier étaient des stéréogrammes très particuliers, pouvant simuler une certaine « animation » de l’image au moyen d’un appareil vendu par les deux cousins et qu’ils qualifiaient d’obturateur.
Il ne semble pas que cet accessoire ait été retrouvé ou identifié. Il est donc difficile de se faire aujourd’hui une idée de l’efficacité du dispositif. Les épreuves à mouvement, moins insaisissables que l’appareil qui permettait de les mettre en œuvre, restent cependant elles-mêmes assez rares.
La mise en scène que vous observez est un tout petit peu plus complexe que la plupart des autres puisqu’elle implique non pas un seul personnage dans deux postures différentes, mais deux figurants dans deux poses distinctes.
Collection Calvelo
CAL305
Les projets évoluent autour de nos collections !
Actuellement, nous sommes sur la finition et la préparation de deux beaux projets, l’un avec le Lycée des Métiers d’Art Toulouse-Lautrec de Bordeaux, l’un de nos partenaires favoris, et l’autre avec l’Université Bordeaux Montaigne ! Nous vous en parlerons bientôt, promis !
Pour les personnes qui nous suivent sur les réseaux sociaux, le nom du compte Instagram évolue en @le_stereopole pour plus de clarté avec notre mission stéréoscopique !
Tous les mois, une photographie stéréoscopique mise en valeur |
ɪᴍᴀɢᴇ ᴅᴜ ᴍᴏɪs #72 | Avril
Alors que les rayons du soleil caressent délicatement les feuilles des arbres et que les fleurs éclosent avec une élégance printanière, nous vous invitons à un voyage dans un jardin à dos d’éléphant ! Notre image du mois d’avril vous transporte entre 1900 et 1920 et représente un spectacle des plus surprenants : des visiteurs intrépides chevauchant un éléphant dans le Jardin d’Acclimatation de Paris 🐘
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Tous les mois, un article à la Une du Stéréopôle
Pour l’amateur d’histoire du port de Bordeaux et d’histoire de la marine, cette vue se présente comme une énigme : un trois-mâts, a priori de commerce, amarré à quai à Bordeaux, sans autre indication. Notons que la légende de la photo donnée par l’éditeur (« Bâtiments et perspectives du quai ») est plutôt inappropriée : de perspective du quai, on n’en voit pratiquement pas !
Par Christian Bernadat
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Les Re-Vue que nous avons déjà publiés sont désormais répértoriés sur le Stéréopôle !
Le principe de la série Re-Vue : prendre en photo le même point de vue, le plus exactement si possible, d’une photographie stéréo !
Cette série est en particulier tournée vers vous, puisque vous pouvez vous emparer des fonds sur la Stéréothèque et re-prendre une même photo. Puis, nous l’envoyer ou faire le montage vous-même si vous le souhaitez ! Le but est de faire vivre nos fonds et de comparer l’évolution des lieux.
Prises de vue passé-présent
Re-Vue #17
Aujourd’hui nous sommes à Lourdes devant l’église Notre-Dame-du-Rosaire.
Sur le lieu même des apparitions de Bernadette Soubirous, on décide de construire la chapelle de l’Immaculée Conception, visible en haut de l’image. Les travaux sont alors confiés à Hippolyte Durand. L’architecte réalise dans un premier temps une terrasse pour niveler le rocher et implanter une gigantesque plateforme. Les travaux de l’église proprement dite s’étalent entre 1866 et 1871. De style néo-gothique, l’église est surmontée d’une flèche. Le 15 août 1871, la chapelle est inaugurée.
Points de vue en stéréo
[Perspectives] #6
La stéréoscopie induisant un travail sur la profondeur, nombreuses sont les vues présentant une perspective à un point de fuite. Ces dernières mettent notamment en valeur des chemins, des ouvrages d’art et des galeries.
Nous sommes ici à l’intérieur du Grand Palais de Paris, lors de l’exposition Universelle de 1900. Le « concept » d’Exposition Internationale Universelle voit le jour au milieu du XIXe siècle ; c’est une célébration de la foi collective dans le progrès qui rassemble tout ce que la science, la technique et l’industrie savaient produire ou inventer de neuf.
La première Exposition Internationale Universelle a lieu sous le Second Empire à Paris en 1849, vite suivie par Londres en 1851. Les grandes nations y expriment leur compétition dans une succession effrénée de manifestations.
Collection Wiedemann
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Visiter le monde en stéréo
Tour du monde #1
L’objectif de cette série est de vous faire voyager à travers les différents pays visibles sur la Stéréothèque : presque une centaine de pays accessibles sur notre site !
Pour ce premier numéro nous commençons au Vénézuela vers 1865 avec des photos qui ont toutes été prises par Friedrich Lessmann, lithographe d’origine allemande, fils de peintre, installé au Venezuela avant son vingtième anniversaire. Lessmann s’est mis à exercer la photographie en professionnel en avril 1856.
Ici nous voyons des vues de La Guaira, la capitale de l’Etat de Vargas et le deuxième port du pays. Ces vues sont les premières en stéréo du Venezuela !
Collection Calvelo
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Fake news en stéréo
En ce 1er avril, nous étions obligés de publier une nouvelle une des Infos du borgne !
À première vue, cette stéréoscopie semble révéler une scène des plus étranges : un homme visiblement perturbé dans son lit, tandis qu’une mystérieuse silhouette semble le tourmenter. Suffisant pour que les « journaleux » des Infos du borgne puissent créer une nouvelle fake news !
Alors que les rayons du soleil caressent délicatement les feuilles des arbres et que les fleurs éclosent avec une élégance printanière, nous vous invitons à un voyage dans un jardin à dos d’éléphant ! Notre image du mois d’avril vous transporte entre 1900 et 1920 et représente un spectacle des plus surprenants : des visiteurs intrépides chevauchant un éléphant dans le Jardin d’Acclimatation de Paris 🐘
Ce jardin, inauguré par Napoléon III le 6 octobre 1860, fut conçu pour introduire et acclimater des espèces animales exotiques à des fins agricoles, commerciales et récréatives. Avec ses ours, sa girafe, ses chameaux et même ses kangourous, il offrait une expérience fascinante dès son ouverture.
Collection Bidault
Pour l’amateur d’histoire du port de Bordeaux et d’histoire de la marine, cette vue se présente comme une énigme : un trois-mâts, a priori de commerce, amarré à quai à Bordeaux, sans autre indication. Notons que la légende de la photo donnée par l’éditeur (« Bâtiments et perspectives du quai ») est plutôt inappropriée : de perspective du quai, on n’en voit pratiquement pas !
Opportunément, du côté de l’histoire de cette photographie, on a pu retrouver que, le 10 novembre 1862, Jean Andrieu déposa plusieurs photographies d’une série non mentionnée clairement, mais qui correspond à celle qu’il nommera par la suite Villes et Ports maritimes. À l’occasion de ce dépôt, il fait enregistrer un lot de 77 photographies de Brest, Bordeaux, Cherbourg et du Havre. Ce tirage porte le numéro 7352 du dépôt légal du département de la Seine. On peut donc supposer que cette photo a pu faire partie de ce lot et qu’elle a donc été réalisée avant novembre 1862.
Première question : la présence sur la photo d’un quai vertical :
Quelle était la configuration des quais de Bordeaux avant novembre 1862 ? Le tableau ci-dessus illustre la configuration des quais au centre du port, avant les années 1860 : les navires de commerce étaient amarrés au milieu du fleuve (on dit alors usuellement « en rivière »), y compris pour les chargements et déchargements qui se faisaient sur des allèges, (bateaux légers à fond plat qui allaient ensuite décharger sur les rives en pente) ; ces embarcations étaient ensuite déchargées sur la rive vaseuse et pentue en installant des passerelles en planches sur lesquelles les portefaix (les « dockers » de l’époque) circulaient, lourdement chargés et dans un équilibre précaire…
Devant la place de la Bourse, cas de la représentation de ce tableau, un débarcadère en bois fut édifié à partir de 1828, comme l’explique l’historien Olivier Lescorce à l’occasion du congrès national des Sociétés Historiques et Scientifiques en 2001 [Cf. Bibliographie] :
« En l’absence de quais, les grands navires étaient encore chargés et déchargés en rivière mais leur taille augmentant et les compagnies [de paquebots surtout] souhaitant diminuer leurs frais, celles-ci firent édifier des débarcadères pour embarquer et débarquer sans être tributaires du va-et-vient par barques entre la berge et le lieu de mouillage. […] Dans le reste de la rade, des appontements fixes en charpente furent établis sur pilotis ancrés dans la berge. Suffisamment avancés en rivière, ils permettaient aux grands navires d’accoster en restant à flot même à basse mer. Les deux premiers débarcadères en charpente furent mis en service avant 1830, celui de l’Entrepôt [Laîné] fut construit en 1825 et celui de la Douane en 1828. Ils présentaient à partir du terre-plein de la rive deux avancements en rivière »
Ce dispositif est clairement visible sur la gravure ci-dessous que l’on ne peut donc pas dater antérieurement à 1828 :
Dans un second temps, en 1856, comme le précise à nouveau Olivier Lescorce, ces embarcadères sont remplacés par un premier « quai vertical » :
« Le premier quai vertical fut construit entre 1846 et 1856 de la Douane à l’Entrepôt (créé en 1822) sur une longueur de 911 mètres. […] Ce premier quai vertical s’avança de 43 mètres en rivière jusqu’à l’alignement des débarcadères qu’il remplaça » [Même source].
Ensuite, de 1863 jusqu’en 1867, des travaux seront entrepris pour remplacer cette installation par un « quai vertical » maçonné, toujours de manière assez restreinte : du droit de la façade de l’hôtel des Douanes au droit de celle de l’entrepôt Laîné (pour simplifier : devant la place de la Bourse et la place des Quinconces jusqu’à la Bourse maritime).
La photo sur laquelle nous enquêtons semble donc se rattacher à la première phase de ces travaux : le trois-mâts est clairement amarré à un quai vertical maçonné. Mais, ce quai, de longueur limitée est, de préférence, réservé aux paquebots déjà nombreux, et souvent déjà à vapeur, tandis que les navires de commerce restent, en général, amarrés au milieu du fleuve.
Les travaux d’extension de ces quais, entrepris à partir de 1863 pour s’achever en 1867, sortent de notre limite de date donnée par le dépôt légal de la série photographique.
Compte tenu de ces éléments de datation, la scène doit être localisée au sein de cette portion de quai, devant la place de la Bourse. Et, puisque nous sommes avant novembre 1862, que fait ici ce navire qui semble, plutôt qu’un paquebot, être un trois-mâts de commerce (majoritairement destiné au transport des marchandises, même s’il pouvait embarquer aussi quelques passagers) ? Sa présence y parait inhabituelle.
Deuxième question : que nous enseigne l’observation détaillée du navire sur la photographie ?
Si l’on grossit une des vues de la photo (image de gauche) et qu’on l’observe en détail, comparativement à la proue d’un navire de la même période normalement armé (image de droite), on constate plusieurs différences :
Une bigue à mâter (flèche 1) (vraisemblablement la « grue à mâter » alors encore installée devant la place de la Bourse) soutient solidement un élément de mâture incliné, complété d’un palan arrimé (« frappé » dit-on dans la marine) sur le pont du navire (flèche 2). Cet élément incliné est le « bout dehors » (flèche 3), partie du beaupré qui normalement dépasse largement de la proue ; mais il n’est pas du tout en position fonctionnelle : il est reculé sur le pont et n’assure plus sa fonction de maintien à la verticale du mât d’avant (le mât de misaine) au moyen des étais ou élingues qui y sont habituellement fixés.
On peut en conclure que ce navire est à quai pour une réparation de moyenne importance, un changement du « bout dehors » du beaupré suite à une avarie ; que cette intervention explique sa présence à quai. Cette manœuvre est d’ailleurs assez délicate : elle va supposer de détacher les étais du mât de misaine (ce qui n’est fait qu’en partie sur la photo), opération risquée qui suppose une absence de vent et une marée à l’étale ; en effet, à ce moment, le mât de misaine sera en équilibre sur son emplanture (des étais de secours seront momentanément frappés sur le pont ou les francs bords).
Troisième élément : à quel type précis de navire avons-nous affaire ?
L’examen détaillé de la photo permet de considérer que c’est bien un trois-mâts (le quatrième mât, qui se devine en arrière, semble se rattacher à un second navire amarré par derrière celui-ci). En ce qui concerne le troisième mât en partant de l’avant, dit « mât d’artimon », il semble porter des « vergues », ces éléments de mâture horizontaux portant les voiles « carrées », comme celles des deux mâts précédents. Ceci caractérise un trois-mâts dit « carré » (en opposition au trois-mâts barque dont le troisième mât porte une voile triangulaire). Le trois-mâts carré est moins maniable que le trois-mâts barque ; ce type de mâture est en voie de disparition à cette époque.
Nous avons donc sous les yeux un navire à voiles dit « à phares carrés » (en pratique des voiles en trapèze montées à l’horizontale), de coque assez renflée, vu de l’avant (de sa proue), à coque en bois : les « bordées » (les lames de bois) qui recouvrent la coque sont clairement visibles. Malheureusement, à l’époque, le nom du navire et son port d’attache sont toujours indiqués exclusivement à l’arrière (la poupe), à l’opposé de notre vue.
Autre caractéristique remarquable, les mâts de ce navire sont tenus (« frappés ») à la coque, non pas sur l’extérieur du franc-bord, comme à l’habitude, mais à l’intérieur de celui-ci. Enfin, ce navire est dépourvu de figure de proue. Ces deux caractéristiques sont assez rares.
Tout ceci permet de caractériser un navire spécifique, de conception déjà assez ancienne à cette date où les navires à coque métallique commencent à se généraliser.
Quatrième élément : un indice peut-il nous mettre sur la piste de la compagnie maritime ?
La réponse est positive ! En effet, la « livrée » du navire (sa décoration) est constituée d’une large bande blanche courant sur tout le pourtour de la coque, sur laquelle sont peints des « faux-sabords » noirs. À cette date, cette « livrée » correspond à celle de l’armement Le Quellec & Bordes, à l’époque déjà grand armement bordelais, avec 9 navires armés ; les « vrais sabords », quant à eux, étaient des trappes fermées par des volets montées sur les navires de guerre qui permettaient de fournir aux canons l’ouverture nécessaire à leur tir.
Notre chance est que cette compagnie a fait l’objet d’une étude détaillée par les auteurs Claude & Jacqueline Briot ; leur ouvrage donne une liste en principe exhaustive des navires qui en ont fait partie.
Au sein de cette liste de navires, la limite de date donnée par le dépôt légal de la photo (1862) et les caractéristiques décrites ci-dessus (trois-mâts carré à coque bois) permettent de n’en conserver qu’un seul : le Valparaiso, construit sur les chantiers Chaigneau & Bichon en 1848. Ce navire restera dans les armements successifs (notamment A.D. Bordes), sous la même livrée, jusqu’à de graves avaries qui le condamnèrent en 1876.
Eléments de confirmation et conclusion :
Le Valparaiso, lancé en 1848, trois-mâts carré à coque en bois de l’armement Le Quellec & Bordes, Cl. & J. Briot (Tableau collection Ledésert).
Remarque : ce tableau est une « vue d’artiste », peu précise notamment sur les éléments de la coque : les bordées en bois n’apparaissent pas et la coque est traitée en blanc, couleur imaginaire (car inhabituelle sur les bateaux de cet armement).
Selon le relevé de nos auteurs, sur la période 1861-1862, le Valparaiso est à Bordeaux deux fois :
Ce navire a donc 13 ou 14 ans d’âge en 1861-1862. De cette compagnie bordelaise, c’est celui qui dessert le plus régulièrement Bordeaux (au moins 7 fois de 1848 à 1867) ; il est notamment resté à Bordeaux durant 9 mois au cours des années 1861 et 1862, périodes qui furent mises à profit pour des travaux d’entretien. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait été présent lors du passage du photographe à Bordeaux.
Ainsi, compte tenu de tous ces éléments, il y a une forte probabilité que le navire de cette photo soit bien le Valparaiso, qui profite d’une de ses deux escales pour changer le « bout dehors » de son beaupré ; dans ce cas, la photo a pu être prise au cours de l’une de ces deux escales : soit entre janvier et le 25 mai 1861, soit du mois d’avril au 19 juillet 1862.
* * *
L’identification précise de cette photographie, certainement une des plus complexes de l’histoire de la Stéréothèque, démontre à quel point les indices les plus variés et parfois les plus inattendus peuvent permettre de « faire parler » une photographie, bien au-delà de ce à quoi on pourrait s’attendre au premier abord. La connaissance préalable d’une date limite pour la série photographique, comme ce fut le cas ici, a été essentielle. Mais l’identification a aussi été facilitée par la connaissance particulière du sujet photographié (lié à la construction navale bordelaise) et par la chance qu’une étude précise ait été publiée sur la compagnie maritime concernée, cas assez inhabituel pour les armements du XIXe siècle. Cet ensemble en fait un cas d’école particulièrement intéressant.
Christian Bernadat
Bibliographie :
Les quais de Bordeaux rive gauche du XVIIe au XXe siècle : espaces portuaires ou balcon urbain ? Olivier Lescorce, Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, Année 2001 pp. 199-215 (https://www.persee.fr/doc/acths_0071-8440_2001_act_124_1_5935).
Cap-horniers français, Tome 2 : Histoire de l’armement Bordes et de ses navires, Claude et Jacqueline Briot, Éd du Chasse-Marée, Douarnenez, oct. 2003
Quand Lormont construisait des navires, Christian Bernadat, Éd de l’Entre-deux-Mers, Camiac-et-Saint-Denis, Déc. 2023
Dépôt légal de la série photographique par Jean Andrieu (recherche effectuée par José Calvelo).
Les projets évoluent autour de nos collections !
Comme nous l’avions évoqué en janvier, afin de faciliter l’usage et la visibilité du Stéréopôle et de tendre à une réduction de notre impact écologique selon le Guide d’orientation et d’inspiration pour la transition écologique de la culture publié par le Ministère de la Culture, Les Nouvelles du Stéréopôle seront désormais accessibles directement sur le Stéréopôle dans la rubrique « Les actus ».
Dans un premier temps, nous continuerons d’envoyer le lien d’accès à la newsletter via notre liste de diffusion.
C’est la nouvelle du mois !!
Les fonds de la Brian May Archive of Stereoscopy arrivent sur la Stéréothèque !
Nous sommes honorés de la confiance que nous accorde la Brian May Archive of Stereoscopy pour la gestion de ce fonds exceptionnel, et nous sommes ravis de pouvoir le partager avec vous.
En cette période de vacances scolaires, petit tour dans le passé lors d’une bataille enfantine de boules de neiges. Légendée « Snow Ball », il existe également d’autres vues de cette bataille intitulées « The Great Game of Snow Ball » ou encore « On the Way to school » !
Vue photographiée et éditée par Benjamin West Kilburn en 1889.
Collection Toussaint
Quoi de mieux pour célébrer l’arrivée du printemps qu’une composition florale ?
En ce 21 mars où la nature se pare de ses plus belles couleurs, nous mettons en avant une vue minutieusement coloriée à la main, les peintres travaillant pour Furne & Tournier étaient généralement reconnus pour la qualité de leur travail. Cette vue fait partie d’une série de douze stéréogrammes intitulée « Etudes de fleur » dont vous observez actuellement l’étude n°8.
Collection Calvelo
Tous les mois, une photographie stéréoscopique mise en valeur |
ɪᴍᴀɢᴇ ᴅᴜ ᴍᴏɪs #71 | Mars
Pour démarrer ce mois de Mars, c’est moi, Pierre, ex-stagiaire et nouvel employé au Clem qui ai choisi l’image du mois ! 😄
Et pour rester en lien avec mon parcours audiovisuel j’ai voulu choisir une image représentant un instant de photographie. Vous voyez donc une mise en scène parodique. Reprenant les codes de celles auxquelles Furne (seul d’abord, puis en association avec Tournier) se livrait à la fin des années 1850. La nudité candide de l’opérateur n’est, bien entendu, guère conforme à la réalité des opérations photographiques dans l’atelier…
Collection Calvelo
Cliquer sur l’image pour l’afficher sur le Stéréopôle
Tous les mois, un article à la Une du Stéréopôle
Pour cette une du mois de mars, nous partons à Madagascar, lors de la seconde expédition française. Cet article est ponctué d’extraits de « Souvenirs de Campagne », un ouvrage du soldat Léon Silbermann qui permet d’ajouter plus de contexte aux vues que nous observons.
Lire l’article sur le Stéréopôle en cliquant sur l’image
Toutes les mises à jour de nos sites
La page présentant le travail de ce photographe et éditeur spécialiste de l’Égypte est en ligne !
La page d’énigmes a été mise à jour !
De nouvelles collections ont rejoint les rangs de la Stéréothèque ! Nous sommes actuellement à 16 637 vues numérisées accessibles en ligne !
Plongez dans l’histoire fascinante de l’Égypte à travers les yeux de Francis Frith, évoqué plus haut, célèbre photographe du XIXe siècle, dont les vues stéréoscopiques captivent l’imagination depuis des décennies. Grâce à notre partenariat privilégié avec la Brian May Archive of Stereoscopy, nous sommes fiers d’annoncer l’arrivée de ses incroyables clichés sur notre site (189 vues).
Il s’agit également d’un nouveau fonds qui nous provient d’un collectionneur américain officiant à l’Université de Pennsylvanie (présentation à venir).
93 vues à découvrir sur la Stéréothèque !
77 vues supplémentaires et en couleurs pour la plupart viennent rejoindre le fonds Heude !
Intarissable, le fonds Magendie ? Très probablement ! Ce sont 100 images supplémentaires qui viennent d’être mises en ligne (livraison 10, répertoire 09).
Plongées thématiques dans nos collections
#12 – 𝙹𝚘𝚞𝚛𝚗é𝚎 𝚒𝚗𝚝𝚎𝚛𝚗𝚊𝚝𝚒𝚘𝚗𝚊𝚕𝚎 𝚍𝚎𝚜 𝚍𝚛𝚘𝚒𝚝𝚜 𝚍𝚎𝚜 𝚏𝚎𝚖𝚖𝚎𝚜
Pour ce 8 mars 2024, nous avions choisi de mettre en valeur des métiers de nos collections. Entre Bretagne, Auvergne et Pas-de-Calais entre les années 1860 et 1930, des fileuses, tisserandes, brodeuses, dentellières.
Ce sont aussi des métiers importants et nécessaires, qui font d’elles des maillons clés du travail des hommes, elles raccommodent les filets de pêche, fabriquent les habits, et gagnent petit à petit la place qu’elles méritent dans la société.
Si les métiers liés à l’artisanat du textile ont de tout temps été liés aux femmes, l’imaginaire en a été également fortement impacté. De coton, de lin ou de chanvre, les légendes des tisserandes du destin abondent dans les grandes mythologies. Qu’elles soient maîtresses de la vie et de la mort comme les Parques, les Moires ou les Nornes, dentellières et fileuses de nuit, les femmes tissent le destin des hommes, annoncent la fortune ou les tourments. Les métaphores très imagées du tissage des histoires ou de l’Histoire sont nombreuses, souvent dans l’ombre, à la pointe de leurs fuseaux parfois maléfiques si elles sont jugées sorcières. Avec elles se perpétue la trame des siècles.
Prises de vue passé-présent
Re-Vue #15
Aujourd’hui, nous sommes à Paris au tournant du 20e siècle ! Prise depuis le pont de la Concorde, cette vue tirée de la collection Bidault est éditée par la Société industrielle de photographie.
Les calèches ont plutôt changé, le reste moins, vous ne trouvez pas ?
Collection Bidault
Re-Vue #16
Aujourd’hui nous sommes face à la porte Picois qui se situe place de l’Hôtel de ville, dans le centre marchand de la ville de Loches. Cette porte fût bâtie au 15e siècle comme les autres portes de l’enceinte de la ville. Le temps passe mais les façades restent, permettant de comparer l’évolution de cet espace en plein centre-ville.
Collection Wiedemann
De l’autre côté de l’écran
#17
Récemment, un stéréoscope a rejoint notre collection ! Grâce au généreux don de M. Chavaudray nous avons désormais un Vérascope 40 qui vient trouver sa place dans les bureaux du Clem !
Ce stéréoscope breveté en 1939 par la société Jules Richard a la particularité d’avoir son verre dépoli à la partie supérieure et non au dos. Cela fait que l’on doit chercher à s’éclairer au-dessus et non en face de soi, comme on a l’habitude de le faire avec les stéréoscopes ordinaires.
Bienvenue à lui !